Alain Pojolat, qui voit régulièrement Nathalie au Parloir, est venu témoigner des incessantes « tracasseries » qu’elle subit de la part de l’administration pénitentiaire (AP) depuis la libération pour raison médicale de Joëlle Aubron. Selon Alain Pojolat, tout se passe comme si l’AP, face à la sortie de Joëlle et à l’échéance de la peine de sûreté au printemps 2005, se dépêchait d’exercer sa vengeance pendant que Nathalie Ménigon est encore dans ses mains.
Ainsi, la demande de visite au parloir de Joëlle Aubron, qui a vécu plus de dix-sept ans de détention avec Nathalie, fut refusée pour des raisons ridicules : voir Joëlle ne serait « pas propice à la réinsertion » de Nathalie et poserait des problèmes de sécurité. Bien plus, les parents de Joëlle Aubron se sont également vu refuser un permis de visite et ce, sans que l’AP ne fournisse une quelconque motivation.
Joëlle Aubron, intervenant au téléphone du fait d’une récente mesure d’assignation à résidence, témoignait de l’absence de surveillance médicale de la part de l’AP. En dépit de risques important de récidive d’accident vasculaire cérébral les traitements d’anti-coagulants de Nathalie Ménigon ont été suspendus et aucune prise de sang n’a été effectuée au cours des six derniers mois. Elle soulignait l’aberration d’expertises médicales effectuées sur la foi d’un dossier médical incomplet. Cette vacuité du dossier médical était confirmée par M. Rippert, avocat de Nathalie Ménigon, qui témoignait également de l’aggravation de l’état de santé de Nathalie, qui se manifeste notamment par des douleurs intenses et la perte de mobilité de son pied et de sa main gauche.
Une intervenante, membre du Pôle suspension de peine, ainsi que Gabriel Mouesca, ex-prisonnier politique qui a effectué dix-sept ans de détention, vinrent exposer la réalité concrète de l’application de la loi de suspension de peine pour raison médicale : alors que plus de 240 personnes décèdent chaque année en prison, seulement 132 détenus furent libérés depuis 2002 (date de l’entrée en vigueur de la loi) et parmi eux plus de la moitié est décédée à ce jour. Ils montrèrent à quel point le suivi médical est impossible en détention du fait d’incessantes restrictions du droit de consulter imposées pour des motifs « sécuritaires », du manque de
main-d’oeuvre pour les escortes, de la non-application de soins prescrits etc.
Ils soulignèrent également les manques de la loi, notamment l’exclusion des maladies psychiatriques de son champs d’application. Le collectif Nlpf ! signalait alors la situation de Georges Cipriani qui a vécu un épisode délirant provoqué par les années d’isolement et qui ne fut soigné qu’à la suite d’une campagne de mobilisation intense. De retour en détention, c’est-à-dire dans les conditions qui avaient provoqué ses troubles, Georges est exclu du champ d’application de la loi...
Intervenaient ensuite des représentants de LO, du PCF et de la LCR, qui, rappelant leurs désaccords politiques avec les moyens de lutte choisis par les militantes et militants d’Action directe, s’accordaient pour dénoncer la « vengeance sans fin » que l’État français poursuit à leur encontre et soulignaient la nature de prisonniers politiques de ces militants.
Venait ensuite Helyette Bess, membre du collectif Défense active, qui affirma que la violence politique pouvait être une réponse légitime face à une situation politique et historique donnée (Commune de Paris, Révolution espagnole, Résistance française...) et donna des nouvelles de Jann-Marc Rouillan, qui se rétablit d’une infection qui avait d’abord été interprétée comme un cancer, et de Régis Schleicher, actuellement à l’isolement à Clairvaux. Elle annonçait enfin une série d’initiatives : sortie d’un disque et d’un livre de soutien, diffusion de nouvelles affiches réclamant la libération des cinq d’Action directe.
Libération immédiate et définitive de tous les prisonniers d’Action directe !
Collectif Nlpf
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