Après l’occupation de la Bourse en avril puis d’un amphi à la fac, et leurs expulsions successives, les vestiaires d’une ancienne piscine sont mis à disposition par la mairie de la Talaudière. Ces locaux sommaires, malgré quelques relogements tardifs des personnes en règle et les plus vulnérables, ne désemplissent pas et de nombreuses personnes restent à la rue. Pour répondre à cette situation, et face à la violence et l’indifférence des pouvoirs publics, il n’y a pas eu d’autre choix que de réquisitionner l’ancienne Poste de Solaure, vouée à la démolition. Grâce à la bonne volonté des habitant-e-s, soutiens, voisin-e-s, le lieu a pu être rafraîchi pour permettre l’accueil des personnes dans des conditions acceptables.
Malgré l’acharnement juridique du maire de St Etienne, G.Perdriau, la justice a donné raison aux habitant-e-s en estimant qu’une expulsion aggraverait leur situation et qu’il n’y avait aucune urgence à démolir ce bâtiment. Cette décision n’a pas empêché notre cher G. Perdriau, sous sa deuxième casquette – de président de l’EPASE, de procéder à une énième expulsion. Mi-juin, il envoie la police fermer manu militari un lieu occupé depuis deux ans, rue Paul Bert, qui abritait pas moins de trente personnes en cours de demande d’asile.
S’il en fallait encore la preuve, on constate que les beaux discours humanistes régulièrement tenus par Perdiau (notamment dans sa lettre adressée à l’État et signée par 53 maires de la métropole) ne sont que des excuses pour se dédouaner de sa politique excluante. Il nie son pouvoir à faire quelque chose alors qu’il a suffisamment de marge de manœuvre pour agir et qu’il consacre par ailleurs un budget monstre à la construction d’un nouveau centre commercial ou à une biennale du design complètement détachée de toute réalité. L’événement « Les Stéphanois ont du cœur » prévu par la mairie le jour même où la Bourse a été expulsée est un exemple parmi d’autres de cette belle hypocrisie.
Langue de bois, répression, gestion raciste des populations migrantes, rien de nouveau sous le soleil de Dublin. Mais ces trois mois de lutte pour le respect du droit au logement à Saint-Étienne ont réveillé des associations, des syndicats, des commerçants généreux autour d’une même cause : accueillir sans condition les humain’e’s qui en ont besoin. Malgré l’isolement et le manque de ressources et bien que les réponses et les moyens apportés dans l’urgence par ce mouvement de solidarité sont loin d’être suffisants, la vie s’organise dans les différents lieux occupés. Il est évident qu’il n’est du ressort de personne de porter une telle responsabilité, sinon des pouvoirs publics. Gisant dans leurs carences, nous les regardons avec effroi.
À la piscine désaffectée de la Talau, à la Poste occupée de Solaure, la précarité et l’isolement du quotidien se feront encore plus ressentir en juillet et en août puisque nombreux seront les soutiens qui prendront le chemin des vacances. Mais les portes demeurent ouvertes à toute initiative (apport de nourriture, nécessaire de toilette et de ménage, médecins, électriciens, ou autrement, proposition d’activités sportives, de cours de français, de bricolage, de sorties à la rivière, en concert, au ciné en plein air, etc). Essayons d’entretenir la flamme de la solidarité en nous rendant dès que possible sur les lieux pour échanger avec les habitant’es et se rendre compte des besoins sur place. La lutte continue et reprendra de plus belle en septembre avec de nouvelles actions.
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