Actualité et mémoire des luttes à Saint-Étienne et ailleurs
ACTUALITÉS CAPITALISME - GLOBALISATION
Publié le 10 février 2017 | Maj le 24 février 2017

[Biennale du design] Éloge de la marchandisation


Au nom de la défense de la qualité de vie sur la région stéphanoise nous condamnons cette manifestation néfaste et toxique, comme pollution intellectuelle émanant d’une propagande mercantile qui pourrit la vie des stéphanois.

Le design est le mot qui marque son appartenance à la marchandisation de l’art et sa soumission au colonisateur culturel américain. Plus on parle de design moins on sait ce que dessiner veut dire. Le design désigne l’enrobage publicitaire des marchandises qui sortent sur le marché, le marketing culturel des désirs dissout dans la consommation, le merchandising lucratif de l’émotion du manque, la spéculation bourgeoise sur les sensations de l’absence.

Claude Weisbuch, professeur de gravure à l’école des Beaux-arts de St-Étienne, disait dans les années 70 que « la chose la plus importante pour bien dessiner, c’est de se mettre à l’aise. » Ces notions de plaisir et de liberté ont disparu des fabriques à Design où ne comptent que la démarche du travail, sa conformité et sa souffrance. Sous le règne de la marchandise et de sa mise en représentation spectaculaire, la création n’est plus que de poudre de perlimpinpin jetée aux yeux de contemplatifs crédules. Dans l’ombre de la confusion, les autoproclamés créatifs sont des illuminés qui se prennent pour le créateur.

L’homme moderne a faim de création, alors « on achète de l’art comme on achète des spaghettis » (Marcel Duchamp). L’art est la présentation d’un processus de fétichisation de la marchandise. La réalisation d’une œuvre n’est plus que le support de son développement stratégique, seul la conception du produit est représentée dans les vitrines à contemplation. L’art est la fabrique publicitaire du merchandising novateur, « ils ne font pas des tableaux, ils font des chèques » (Marcel Duchamp). Sur ce marché culturel, seul le bourgeois qui achète, décide de ce qui doit être bon et fixe la valeur marketing à la Bourse des stratèges. L’art sert de publicité suprême à un capitalisme totalitaire qui se croit triomphant.

Et voilà que la Biennale du Design, cette entreprise de propagande des pouvoirs dominants, a pris comme objectif et comme promesse de rendre le durcissement de l’esclavage du travail en mutation, largement critiqué et contesté lors des manifestations récentes du printemps 2016, désirable et magnifique dans la perspective d’une nouvelle société technologique du bonheur informatisé. Changer l’image d’un travail devenu invivable en design supérieur d’une activité magnifiée, en faisant passer l’esclavage d’un travail obligatoire pour une liberté émancipatrice.

Le fait que le langage de la communication s’est perdu, voilà ce qu’exprime positivement le mouvement de décomposition moderne de tout art, son anéantissement formel.
(Guy Debord)

Travailler, c’est souffrir de devoir obéir à un impératif absurde, avilissant, destructeur, celui de produire des marchandises quelconques de manière rentable à n’importe quel coût physique, psychique et écologique. Travailler, c’est souffrir de devoir obéir à des chefs et/ou à des clients, de subir du harcèlement, des humiliations et autres souffrances. Travailler, c’est souffrir de devoir exécuter cet impératif dans des conditions éprouvantes physiquement comme nerveusement, d’où du stress, des dépressions, des déformations physiques, des accidents de travail, des burn”‘out, des suicides. Travailler, c’est devoir accomplir une activité généralement indifférenciée, absurde et/ou destructrice. Travailler, c’est souffrir d’être réduit à un robot, une machine, un esclave. Travailler, c’est souffrir de rentrer vidé chez soi, de ne pas pouvoir vivre pleinement. Travailler, c’est souffrir d’être en perpétuelle guerre d’agression psychique avec ses frères et ses soeurs en raison de la concurrence capitaliste. Travailler, c’est souffrir d’être menacé chaque seconde d’élimination économique, d’obsolescence productive. Travailler, c’est souffrir d’une précarité permanente. Travailler, c’est souffrir d’être traité de "capital humain", de "mauvaise graisse", de "facteur humain", de "bras cassés", "d’inadaptés", de "fainéants", etc. Travailler, c’est souffrir d’être un soldat d’une guerre permanente, d’être sacrifié au nom de la Patrie économique. Travailler, c’est souffrir d’une augmentation continuelle de sa souffrance, au travers des réformes incessantes du travail. Travailler, c’est souffrir. (...)

"Ne travaillez jamais" signifie donc n’acceptez jamais ce monde où l’on doit vendre son temps d’existence, son activité, son faire, comme marchandise, comme marchandise produisant d’autres marchandises et de l’argent, comme marchandise produisant un monde de souffrance ”‘ et de mort.
Nous sommes faits pour vivre, pour aimer, pour désirer, pour créer, et non pour produire des marchandises et nous vendre comme travailleurs.
(Comité érotique révolutionnaire)

Quand l’art se réduit au relooking de l’exploitation du travail, il devient la police secrète de la propagande de la marchandisation du monde. Le dépassement de l’art s’exprime aujourd’hui par la révolte dans la rue, réalisation critique de sa mort comme travail aliéné, et de sa vie sans entraves comme renversement de perspectives.

Contre la loi du travail et sa propagande publicitaire !
Détournement, blocage et sabotage !

Nanartiste Duduche

P.-S.


Proposé par Gilbert Gosseyn
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