J’ai entendu parler de l’occupation de la Bourse par plusieurs biais, et notamment en passant devant. Je suis revenue plusieurs fois sur le lieu d’occupation pour amener de la nourriture et je ne me suis pas plus engagée car je pensais que des militants avaient pris les personnes hebérgées en charge et que des solutions seraient proposées par les pouvoirs publics. C’est vraiment lors de la deuxième expulsion (à l’université) un dimanche, jour où il n’y a pas de possibilité de manger dans les structures sociales, que j’ai pris la décision de m’engager physiquement dans l’action. C’est aussi la violence de cette expulsion et la destruction des matelas qui m’a vraiment révolté.
J‘avais travaillé pour la ville de Saint Etienne, au musée d’Art et d’industrie, et j’avais déjà été très déçue par la mairie sur leur manque de cohérence en termes de politique culturelle. Puis en tant qu’enseignante, j’ai été en conflit avec mon établissement parce qu’on estimait que mes cours était trop interactifs et critiques. Ce manque de cohérence de l’éducation nationale, ça m’a vraiment déçu. Je considère que c’est seulement par les actes que l’on peut assumer au mieux ses valeurs.
Aujoud’hui je refuse de manger en soutien aux familles qui sont toujours sans logement et contre toutes les formes de violence et de pouvoir abusifs à l’encontre de ces personnes fragiles. Le principe qui légitime mon acte est tout simplement l’article premier de la déclaration de droits de l’homme avec une précision toutefois, les êtres humains sont en effet doués de raison et de conscience, mais j’aimerais ajouter qu’ils et elles sont aussi doués de sensibilité.
Pour revenir à cette notion de zone de confort, je considère que dans la société occidentale on a tout mis en œuvre pour améliorer le confort matériel, et on nous fait croire maintenant qu’il serait mis en danger par celles et ceux qui ne l’ont pas. On nous a incité à le protéger en nous faisant croire qu’il n’est pas partageable. La notion qui est mise à mal dans nos sociétés, c’est l’empathie. L‘empathie, c’est la capacité de se mettre à la place des gens et que chaque individu à son histoire et qu’il est absurde d’évaluer la légitimité de quelqu’un qui décide de quitter son pays. Je parle de ça par rapport à la catégorisation des réfugiés. On parle maintenant de «  bons réfugiés » et de «  mauvais réfugiés », comme par exemple lorsque des bateaux de sauvetage en Méditerranée n’ont pas de place pour accoster, comme si les raisons qui ont poussé ces personnes à quitter leur pays et risquer leur vie n’étaient pas suffisantes pour avoir un droit au sol.
Je compte créer et maintenir un espace de sensibilisation devant les marches de l’hôtel de ville par ma grève de la faim le temps qu’il le faudra jusqu’à ce que le Maire accepte de dialoguer et chercher des solutions avec le collectif des occupant’es de la Bourse du Travail. Il faudrait qu’il s’engage à mettre a disposition des logements qui pourraient être réhabilités par l’engagement des occupant’es par exemple. En attendant une réponse satisfaisante, j’appelle tout le monde à faire des pas à l’exterieur de leur zone de confort pour soutenir la mobilisation en cours. Que ce soit en me suivant dans ma grève, en apportant aux personnes hébergées de l’aide et du soutien, et même en passant discuter, par toute preuve de sensibilité à la situation. S’il ne pleut pas, je ferai des lectures de textes, donc vous êtes les bienvenu.e.s pour m’écouter.
Je voudrais finir en revendiquant cet acte comme aussi une performance. L’art semble être le dernier moyen pour sensibiliser les gens sur leur humanité. On ne possède rien d’autre dans la vie de plus important que la vie elle-même.
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