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Publié le 14 janvier 2019 | Maj le 30 janvier 2019 | 1 complément

Il faut qu’on parle de facebook


Depuis plusieurs années, nous faisons fonctionner des serveurs et maintenons des infrastructures de communication pour les mouvements sociaux. Nous avons fait de notre mieux pour assurer la sécurité de nos serveurs et nous avons résisté — par divers moyens — aux requêtes des autorités nous demandant de fournir des données personnelles.

En bref, nous essayons de rendre possible des formes de communication émancipatrices au sein de l’Internet capitaliste.

Nous avons toujours considéré Internet comme un outil pour nos luttes et en même temps comme un terrain politique contesté, et nous avons agi en conséquence. Nous pensions que la plus grande partie du mouvement social l’envisageait de la même manière. Mais comme de plus en plus de militant·e·s « utilisent » Facebook (ou sont utilisé·e·s par Facebook), nous n’en sommes plus si sûr·e·s. Au contraire, notre travail politique nous a paru à côté de la plaque et épuisant. Les communications chiffrées avec des serveurs autonomes ne sont plus perçues comme émancipatrices mais plutôt comme pénibles.

Disneyland

Nous n’avions simplement pas réalisé que, après des coups de speed dans la rue ou des longues discussions collectives, de nombreux militant·e·s semblent ressentir l’envie d’en bavarder sur Facebook ; de parler à loisir de tout et avec tout le monde. Nous n’avions pas réalisé que, même pour les mouvements sociaux, Facebook est la plus douce des tentations. Que des militant·e·s comme le reste du monde s’amusent à suivre le flux subtil de cette exploitation qui n’a l’air de faire de mal à personne — et à laquelle, pour une fois, il n’est pas nécessaire de résister. La mauvaise conscience dont souffrent de nombreuses personnes parce qu’elles savent ou imaginent les conséquences dramatiques de l’utilisation de Facebook ne semble pas les pousser à agir en conséquence.

S’agit-il vraiment d’ignorance ?

Pour résumer le problème, en utilisant Facebook, les militant·e·s ne rendent pas seulement leurs communications, leurs opinions, leurs « j’aime », etc. transparents et prêts à être analysés. Au contraire — et nous considérons cela encore plus lourd de conséquences — illes exposent des structures et des individu·e·s qui n’ont peu ou pas à voir avec Facebook. La capacité de Facebook de fouiller le réseau pour trouver des relations, des similarités, etc. est difficile à appréhender pour la plupart des gens. Le bavardage sur Facebook rend transparentes certaines structures politiques pour les autorités et les entreprises. Il peut être analysé, trié et agrégé non seulement pour obtenir des informations précises à propos des relations sociales, des personnes clés, etc. mais aussi, à partir des habitudes, pour faire des prédictions. Après les téléphones portables, Facebook est la technologie de surveillance la plus subtile, la moins chère et la meilleure qui soit.

Les utilisateurs et utilisatrices de Facebook, des balances qui s’ignorent ?

Il semble que nous nous soyons trompé·e·s sur les intentions des militant·e·s. Nous pensions qu’illes voulaient prolonger nos luttes sur Internet et utiliser Internet pour servir nos luttes politiques. C’est — encore maintenant — notre point de vue. C’est pourquoi pour nous les utilisatrices et utilisateurs de Facebook sont un vrai danger pour nos luttes. Et plus particulièrement les militant·e·s qui produisent sur Facebook (souvent sans savoir ce qu’illes font) des informations dont se servent de plus en plus souvent les forces de l’ordre. Nous pourrions presque aller jusqu’à accuser ces militant·e·s de collaboration. Mais nous n’en sommes pas encore tout à fait là . Nous avons toujours espoir que ces personnes se rendent compte que Facebook est un ennemi politique et que celles et ceux qui utilisent Facebook ne font que le rendre de plus en plus puissant. Les militant·e·s qui utilisent Facebook nourrissent la machine et ce faisant révèlent nos structures — sans que ce soit nécessaire, sans décision de justice, sans aucune pression.

Notre point de vue

Nous sommes conscient·e·s du fait que nous parlons « d’en haut ». Pour nous, qui travaillons depuis des années — et parfois gagnons notre vie — avec Internet et les ordinateurs, l’administration système, la programmation, la cryptographie et bien d’autres choses, Facebook apparaît comme un ennemi naturel. Et comme nous considérons aussi notre activité comme politique, cela vient s’ajouter à notre analyse du modèle économique de Facebook, où les « users » deviennent un produit, tout en étant en même temps transformé·e·s en consommateur. Dans le jargon on appelle ça « la génération de la demande ». Nous savons qu’Internet n’est pas pour tout le monde un sujet politique aussi enthousiasmant que pour nous. Mais le fait que des militant·e·s autorisent ce cheval de Troie nommé Facebook à faire partie de leur vie quotidienne, est moins un signe d’ignorance que d’irresponsabilité.

Nous vous pressons tou·te·s : fermez vos comptes Facebook ! Vous mettez les autres en danger ! Prenez position contre ce monstre de données !

Et aussi : abandonnez Yahoo ! Mail et consorts. Arrêtons Google ! Contre la rétention de données ! Pour la neutralité du net ! Liberté pour Bradley Manning ! Longue vie à la décentralisation !

Mort au capitalisme ! Aussi — et surtout — sur Internet ! Contre l’exploitation et l’oppression ! Aussi — et surtout — sur Internet !

Prenez la tête à vos camarades. Montrez leur qu’en nourrissant Facebook, illes ont vraiment choisi d’être du mauvais côté !

nadir, 10/2012

SOURCE : nadir.org/txt/il_faut_qu_on_parle_de_facebook.html

P.-S.

un complément trouvé sur seenthis :
Je crois que très peu de gens ont conscience d’à quel point la lutte pour la #zad #NDDL a été exemplaire à ce niveau. Entièrement, et uniquement, à partir d’automedias et de blogs. Concernant facebook,[...] suivre l’exemple de l’#EZLN (bon anniv au passage !), au moins partiellement : ne jamais « offrir » à facebook d’exclusivité, essayer au maximum de donner des sources hors facebook, jusqu’à n’y mettre que les flux rss des différents automedias.


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1 complément

  • trouvé ici :
    https://atelier.mediaslibres.org

    Charge de CRS, matraques, gaz. Prendre une photo, l’envoyer vite avec un commentaire. Courir à l’abri. Checker le nombre de retweets, les réponses. C’est cool, ça tourne un peu. Pendant au moins une heure, j’ai plusieurs dizaines de relais d’un peu toute la France, même du Canada et d’Algérie. J’ai rajouté qu’il fallait urgemment du soutien face aux flics, mais j’y crois pas trop. De toutes façons, quelques interpellations et un quart d’heure plus tard, c’est fini. Au moins, j’ai gagné 2 followers et montré que j’étais sur place. Les 1 000 ou 2 000 personnes qui auront entraperçu mon tweet auront capté que c’était speed ici (et que j’y étais).

    Je suis comme beaucoup de gens autour de moi qui utilisent désormais Facebook et Twitter massivement dans leurs pratiques militantes. Au risque de l’impasse. Je passais pour un farfelu limite débile y’a quelques années quand j’ai commencé à utiliser Twitter. Aujourd’hui les réseaux sociaux apparaissent comme une évidence pour beaucoup de militant·es. Une occupation, hop, un compte Twitter. Un événement, bim, une page Facebook. Toutes les villes ou presque ont désormais leur page Facebook « trop véner », « insurgée », « dans la rue »… Aujourd’hui, c’est monter un site (surtout participatif) qui paraît un peu décalé. Comme s’imposer un temps de retard, refuser les outils fignolés par de gentils capitalistes bonnes poires. Ne pas aller là où il faudrait pour « massifier », être vu, lu, entendu. Bref, être un peu couillon·ne.

    Les réseaux dits « sociaux » posent pourtant un paquet de soucis quand on y réfléchit deux secondes. Ce qui est loin d’être évident. Et nombre de camarades, pourtant radicaux, répètent à la moindre critique qu’il n’y a de toute façon pas d’alternative à Twitter et Facebook. Le thatchérisme appliqué à l’information anti-autoritaire. Le pire, c’est qu’ils et elles n’ont pas tout à fait tort.

    Les dernières mobilisations ont profité de l’implantation des réseaux sociaux

    La communication militante a clairement bénéficié ces dernières années des outils mis à disposition par les multinationales. Sans refaire le « Printemps arabe », où l’usage de Facebook semble avoir été largement surévalué, il est clair que les dernières mobilisations ont profité de l’implantation des réseaux sociaux dans la population. Leur simplicité d’usage, l’autonomie de chacun·e qu’ils permettent, leur disponibilité permanente, les connexions parfois improbables qu’ils favorisent, leur rapidité de diffusion, la facilité de créer un compte, l’infinie diversité des êtres et des discussions qui peuvent potentiellement s’y déployer… On n’a plus à se soucier de rien, et surtout pas des aspects techniques. On n’a plus qu’à réfléchir vite fait à ce qu’on y dit, ce qu’on y like, ce qu’on y partage. Au rythme et selon les interactions prévues par les multinationales et leurs cohortes d’ingénieur·es.

    suite ici

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