Saint-Étienne, le 21 Mars 2019,
Monsieur le Maire, Monsieur le Préfet,
Biennale Internationale du Design “ME YOU NOUS traite d’inclusion dans une ère de divisions, d’individualisme et de peurs vis-à -vis des autres, de la technologie, de la nature et du futur. Regarder au-delà de nos propres limites afin de prendre en compte et comprendre nos voisins qui ont leur propre vision du monde, parfois différente de la nôtre. Regarder au-delà des bulles du business, de la technologie et du marketing afin de s’adresser aux personnes, à leurs besoins, leurs désirs et leurs rêves.”
Voilà un beau message prometteur pour l’ouverture de la Biennale du Design, à Saint-Étienne, mais comme souvent, les paroles sont belles mais les actes ne suivent pas.
Nous étions, ce mercredi soir, quelques dizaines de citoyens soutenant la cause des migrants et personnes sans domicile fixe à vouloir interpeller nos responsables politiques et administratifs, sur les menaces d’expulsions pesant sur quelques squats de notre ville, ainsi que sur notre inquiétude de voir mises à la rue de nombreuses personnes et familles à la fin de la trêve hivernale.
A notre arrivée aux portes de la cité du design, le service de sécurité a eu pour ordre de nous en interdire l’entrée. Nous n’avions dans nos sacs et sous nos blousons que des affichettes et banderoles. Nos seules armes n’étaient que des mots !
C’est vrai que parfois les mots font mal, mais n’est-il pas de la responsabilité des personnages politiques et administratifs que vous êtes, d’y faire face ?
Dans notre pays, le mot liberté est inscrit aux frontons de tous nos bâtiments publics et comprend encore la liberté de manifester. Libérer la parole, c’est lutter contre la violence sinon, un peuple que l’on bâillonne, n’aura que cette dernière pour ultime ressource.
Cela devrait être pourtant dans l’ADN de tout responsable politique et administratif d’être ouvert au dialogue en toutes circonstances.
Monsieur le maire, Monsieur le préfet, nous voulions simplement être à la hauteur de notre responsabilité de citoyens. Nous souhaitions exprimer notre colère quant à la manière dont sont traités certaines personnes en situation de précarité dans notre ville ainsi que d’alerter nos concitoyens. En effet, nous ne doutons pas que si les Stéphanois connaissaient les conditions de vie qui sont réservées à ces personnes vulnérables, ils seraient bien plus nombreux à s’en offusquer.
Notre volonté n’était que de redonner un peu de valeur à cet autre maxime de notre république qu’est la fraternité. En retour vous avez répondu par la violence, le refus d’écouter et d’entendre.
Est-ce ainsi que nous ferons société ? Il est pourtant écrit “terrain d’entente” sur les affiches de la biennale, comment y parvenir si toute parole est interdite ?
Lá encore des mots, pour quand les actes !
Yves Scanu Combat
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