Actualité et mémoire des luttes à Saint-Étienne et ailleurs
ACTUALITÉS RACISME
Publié le 21 février 2017 | Maj le 4 avril 2017 | 1 complément

Rencontre avec Houria Bouteldja


Cet événement est l’occasion de venir à la rencontre de la militante controversée et de lui permettre de s’exprimer sur le contenu de son livre. Un seul prérequis : lire son dernier livre « les blancs, les juifs et nous - vers une politique de l’amour révolutionnaire » afin de dépasser les préjugés et d’instaurer les conditions d’un échange constructif.
La discussion se poursuivra avec Youssef Boussoumah, autre membre du PIR.
Dimanche 2 avril 2017 à 15H00 dans la salle Le Clapier (ancienne gare).

Initiatrice et porte parole du PIR (Parti des Indigènes de la République), militante infatigable, Houria Bouteldja s’attelle à dénoncer le sort réservé aux descendant-e-s de l’immigration post-coloniale. C’est du point de vue de l’indigène qu’elle se positionne sur plusieurs fronts : celui du féminisme, en défendant le courant dé-colonial, contre l’islamophobie et le racisme en dénonçant l’hégémonie et la domination historique de la "race blanche". C’est l’énonciation de ce terme qui a servi de prétexte à la dénonciation de son supposée racisme anti-blanc. Ce n’est pas faute d’avoir martelé que "la race est le nœud qui lie le pouvoir d’État au grand capital"

Elle précise d’ailleurs, en préambule de son dernier livre : "Les catégories que j’utilise : Blancs, Juifs, Femmes indigènes et indigènes sont sociales et politiques. Elles sont des produits de l’histoire moderne au même titre qu’ouvriers ou femmes. Elles n’informent aucunement sur la subjectivité ou un quelconque déterminisme biologique des individus mais sur leur condition et leur statut."
Femme, militante, musulmane, indigène à l’analyse juste et au discours subversif : ce qu’elle est ne dérange-t-il pas plus que ce qu’elle dit ? La question mérite d’être posée tant son appel à "l’amour révolutionnaire" reste inaudible.

La discussion se poursuivra avec Youssef Boussoumah.
Militant de la cause palestinienne depuis le début des années 80, il participe à l’organisation en 1998 de la campagne pour le droit au retour des Palestiniens et, en 2001, à la fondation des Missions Civiles Internationales Pour la Protection du Peuple Palestinien. Il est aussi membre fondateur du MIR puis du PIR.

Dimanche 2 avril 2017 - 15H00
Le Clapier
2 Boulevard Pierre Mendès France,
42000 Saint-Étienne

Pour aller plus loin :

Le site du PIR (Parti des Indigènes de la République)

On vous a tant aimé·e·s ! Entretien avec Houria Boutelja, initiatrice du Mouvement des Indigènes de la République. Par Christelle Hamel et Christine Delphy, en 2005.

Jeune Afrique s’entretient avec Houria Bouteldja : « Pour nous la question raciale est sociale »


Proposé par vla
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1 complément

  • Le petit livre d’HB « Â Les Blancs, les juifs et nous, pour un amour révolutionnaire » sorti au printemps 2016 a provoqué beaucoup de polémiques et peu de discussions.

    Une partie des polémiques paraît relever des difficultés trop connues et sans cesse répétées des réseaux politiques (parisiens mais aussi au-delà ) à discuter tranquillement de désaccords et de stratégies politiques différentes sans s’autodétruire ou tenter de le faire. Polémiques politiciennes.
    Une autre partie des polémiques vient probablement d’une certaine image attachée à HB et au PIR dont elle est la porte-parole, une image sans pitié : sans lire les textes, sans écouter précisément ce qu’elle cherche à dire, finalement sans prendre le temps de réellement considérer les propositions politiques, le couperet tombe et elle se retrouve qualifiée d’essentialiste, d’homophobe antiféministe, d’antisémite, presque de fasciste, HB devient l’ennemi politique à abattre, une personne infréquentable politiquement. Polémiques sans pitié.
    Une dernière partie des polémiques semble venir de pensées et pratiques de l’émancipation toutes prêtes, sûres d’elles, prêtes à penser, qui par universalité, par privilège, par manque de reconnaissance, par supériorité ou par flemme rejoignent les conservatismes en refusant de remettre en cause leurs ordres émancipateurs établis et en considérant que toutes nouvelles propositions politiques sont fatigantes, communautaires, trop situées, pas issus du terrain, pas assez ou trop radicales. Polémiques tranchées.

    Les polémiques politiciennes, sans pitié et tranchées finalement se recoupent souvent pour le pire et contre le PIR parce qu’à différents niveaux elles empêchent de discuter, de réfléchir et de considérer ce qui n’est qu’une proposition politique, c’est-à -dire un texte qui n’a pas la prétention d’avoir tout compris et de détenir la vérité, mais un texte comme d’autres qui nous invite à réfléchir, à agir, à nous positionner sur une question qui devient vitale dans le cadre national de la France, et au delà , celle des antiracismes politiques.
    Ici l’invitation est de relever la provocation d’Houria Bouteldja. « Â Provoquer » étymologiquement c’est « Â appeler dehors », « Â faire venir », « Â faire naître quelque chose ».

    Une invitation à la lire, l’écouter et discuter, pas pour avoir raison, mais pour le potentiel à converser, diverger et converger, pour faire le point sur ce qui nous plaît et nous déplaît, s’embrouiller, se débrouiller, voir où l’on est situé pourquoi et comment, se donner de l’air et prendre la place.

    Pour qui vit dans ce pays, il serait juste malhonnête et inconscient de nier que certain-es rentrent plus dans le cadre de « Â l’identité nationale » que d’autres, depuis longtemps et, que cela est de plus en plus affirmé et médiatisé ces vingt dernières années. Ici, on sait très bien où l’on est situé, on le vit, simplement « Â l’égalité » dans laquelle on a grandi « Â nous » empêche de trouver les mots pour dire ces « Â nous » et ces « Â vous », de dire les racismes et donc les « Â races » qu’ils impliquent, qu’ils re/construisent et qui les renforcent. HB, d’autres avant (je pense là particulièrement au groupe du 6 novembre à la fin des années 90) et certainement d’autres à venir, m’ont remise en place : la société française me fait blanche, je ne suis pas innocente (p. 38), cela ne servira à rien de se sentir coupable, mais il importe d’être responsable. J’essaye.

    Lorsque je lis le livre d’HB, les catégories raciales m’interpellent : blancs, juifs, indigènes. Ces catégories me dérangent, pas parce qu’HB les mobilise mais parce qu’elles jouent dans ce pays et au delà comme indicateurs de classifications sociales. Elles valident des dominations sociales, elles font système, elles se croisent avec le sexe/genre (« Â femmes indigènes »), les classes sociales, les lieux de vie (quartiers, pays) et elles déterminent des positions sociales et donc des vies avec leurs possibles et leurs limites. Ces catégories (et leurs nuances, toute catégorie sociale est rhétorique, les réalités sont souvent plus nuancées et complexes que les mots pour les dire) ont une histoire, un présent. HB nous invite dans son texte à prendre une place active pour décider de leur futur, donc faire leurs histoires et accepter de regarder en face leurs actualités.

    Je comprends le texte d’HB comme un pamphlet, c’est-à -dire un texte acharné et déterminé pour dénoncer les différentes formes du pouvoir blanc dans les cadres trans/nationaux. Si ses mots sont durs et intransigeants c’est à la hauteur de la violence de ce pouvoir et de la nécessaire remise en question de ses hiérarchies.

    J’apprécie qu’HB requestionne les normes de la civilité pas complètement inintéressantes, mais définies par des penseurs européens dans le mépris des femmes et du « Â reste » du monde (L’ouest et le reste, Stuart Hall). J’aime la critique radicale qu’HB fait de la modernité occidentale toujours imposée à l’heure actuelle comme le seul modèle de développement convenable dans la négation complète de tous les crimes qui ont été faits en son nom : esclavages, colonisations, exploitations humaines et environnementales, chasses aux sorcières, imposition globale d’une gouvernance néolibérale.

    Je comprends bien qu’HB, d’autres le font aussi (Eyal Sivan, Joseph Massad) nous incite à voir le passé dramatique d’une partie des Juifs et la situation en Israël-Palestine comme des prolongements de l’histoire européenne. Là encore, elle montre bien une pirouette du pouvoir blanc déjà mise en pratique dans l’Algérie coloniale : catégoriser (juifs/musulmans sont des catégories de population autant que des religions dans l’empire colonial français, Kamel Kateb) et dresser les catégories les unes contre les autres (accord de Crémieux, 1870). Il me semble qu’avec la dénonciation du sionisme, une critique de l’État-nation pourrait être encore prolongée surtout en prenant en compte l’actualité meurtrière de la méditerranée, du vieux continent et de ses frontières (gérée par Frontex, cyniquement appelée « Â la crise des réfugié-es » et honteusement confiée à des pays extérieurs à l’Union européenne : Libye, Maroc, Turquie...).

    Je suis reconnaissante à HB d’inclure la question des rapports hommes-femmes et celle des minorités sexuelles dans sa pensée critique et politique (elle cite même un pédé, Jean Genet). Rares sont les textes politiques même critiques, qui pensent réellement que sur terre la moitié des hommes sont des femmes. Je trouve important de souligner que certains féminismes et les questions de sexualité sont mises au service des hommes blancs. J’entends les critiques, je les prends en compte. Pourtant, mes habitudes de gouine anarcha-féministe continuent à me faire penser et vivre qu’il est important que mon corps m’appartienne et ne soit pas aliéné à ma nation, à ma famille ou à ma religion. Je pense encore qu’il n’y a qu’un patriarcat même s’il prend plusieurs formes, et cela HB le montre bien. Je me bats aussi pour que les questions de sexualité ne soient pas lues que comme des choix persos néolibéraux homo-hétéro, mais comme des régimes politiques complexes de distances et de proximités traversés par la race, la classe, l’âge... qui me ressemble, avec qui je m’assemble.

    Finalement, HB donne une chance de repenser le dicton stupide et dangereux « Â qui se ressemble s’assemble ». Je relis le texte, je tique sur « Â l’amour révolutionnaire » je trouve pas ça trop clair, ça me rappelle un peu trop des avant-gardes virilistes, sûres d’elles, qui auraient tout compris. Je préférerais des affinités bien négociées, et, merci, le livre permet bien d’y penser.

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