« Les bourgeois ont eu peur ! Les bourgeois ont senti passer sur eux le vent de l’émeute, le souffle de la révolte, et ils ont craint l’ouragan, la tempête qui déchaînerait les appétits inapaisés sur leurs tables trop bien garnies. Les bourgeois ont eu peur ! » Voilà ce qu’écrivait Albert Libertad au lendemain du 1er mai 1906, dans le journal L’Anarchie. Ce jour-là , 45 000 policiers et soldats avaient été mobilisés pour le maintien de l’ordre dans la capitale.
Les confits sociaux ont toujours été émaillés de violences. Comme le note l’historienne Anne Steiner dans son ouvrage Le goût de l’émeute, manifestations et violences de rue dans Paris et sa banlieue à la Belle époque [3], c’est souvent l’intervention de la police, des gendarmes ou de l’armée qui amènent un durcissement des conflits, qui prennent alors la forme d’affrontements :
« Dans le cas des événements relatés dans cet ouvrage et qui ne sont pas toujours liés à des situations de grève, il s’agit de foules exprimant leur émotion et leur indignation après des meurtres perpétrés par des policiers ou des gendarmes lors de conflits sociaux (...) ou face à des exécutions capitales. À Méru, c’est la colère d’une population tout entière confrontée à l’intransigeance patronale et à l’occupation militaire de sa région qui est à l’origine de la violence.
À chaque fois, la presse, les responsables politiques, les militants eux-mêmes ont utilisé le terme d’émeutes pour qualifier ces combats de rue, ces affrontements violents entre manifestants et forces de l’ordre, ou ces attaques contre les biens et les personnes perpétrées par des foules en colère. [...] Ces défilés joyeux et bon enfant pouvaient, face à la troupe envoyée à leur rencontre, se muer en cortèges émeutiers capables d’une violence extrême dont les fabriques et les demeures patronales faisaient alors les frais. »
Affrontements avec la police, pillage, sabotage et dégradations diverses ont accompagné la plupart des conflits sociaux du 20e siècle, en miroir de la violence sociale exercée par la bourgeoisie au pouvoir. Les quelques exemples donnés ci-dessous, illustrant différents types de conflits, montrent combien il est absurde de parler d’une « augmentation de la violence » pour justifier l’adoption de mesures restreignant l’exercice de la liberté de manifester.
La suite à lire sur le site de La Rotative.
Compléments d'info à l'article