Le capitalisme contre le droit au logement
L’Insee explique cette augmentation des logements non habités par la hausse des prix de l’immobilier, l’importante part des logements en mauvais état mais aussi l’inadéquation de l’offre d’habitations, mal localisées ou trop chères, qui ne trouvent pas preneurs. Si le départ en maison de retraite des personnes âgées est aussi une cause avancée, on comprend bien que c’est avant tout le marché de l’immobilier qui est à l’origine de la situation. En bref, le capitalisme gagne contre le droit au logement.
Sur le sujet du logement comme dans bien des domaines, pour les riches tout va bien... Non seulement ils bénéficient de la hausse des prix de l’immobilier pour s’enrichir ou spéculer, mais ils contribuent aussi à créer des logement peu habités en investissant dans des maisons secondaires. En France, leur nombre a augmenté de 1,3% par an entre 2010 et 2015. L’Insee précise que « La France compte ainsi 3,3 millions de résidences secondaires ou occasionnelles, soit 9,5 % des logements en 2015. »
Les logements vides se multiplient dans toutes les zones géographiques
Si tous les territoires sont impactés, les grandes villes ne sont pas les plus touchées par la multiplication des logements innocupés. Celle-ci est particulièrement forte dans les centres-villes des moyens et petits pôles urbains, dans les zones périurbaines et dans les communes isolées sont les plus touchées par cette vacance résidentielle. L’INSEE résume en expliquant que les territoires les plus touchés sont ceux qui « restent à l’écart de la croissance démographique, et cumulent vieillissement de la population et difficultés économiques ».
Néanmoins, en nombre absolu, c’est quand même dans le cœur des grands pôles urbains et dans leurs banlieues qu’on retrouve le plus de « nouveaux logements vacants » : ce sont chaque année respectivement 23 3000 et 21 600 logements vides qui apparaissent dans ces zones géographiques. Comme le constate l’Insee, « entre 2010 et 2015, dans les villes-centres des grands pôles urbains, le parc de logements vacants augmente moins vite qu’ailleurs, mais le taux de vacance y est élevé (9,5 %) ».
365 000 logements vacants dans la région, 12% à Saint Etienne sans compter les résidences secondaires
L’Insee précise que notre région n’est pas des plus touchées par la vacance car elle comprend des pôles attractifs (Lyon et Grenoble principalement). Cependant, les chiffres restent spectaculaires et le nombre de logements inoccupés est, ici aussi, en hausse.
En 2015, la région comptait 4 342 803 logements. 11,7% d’entre-eux sont des résidences secondaires. 8,4% sont inoccupés, soient pas moins de 365 000 habitations potentielles qui ne servent à personne. 365 000, c’est quasiment l’équivalent de tous les logements existants sur les communes de Lyon et de Saint-Étienne réunies (393 000 pour être précis).
En 2015, la ville de Saint-Étienne comptait 98 517 logements dont 14 800 très peu occupés (2,6%) ou complètement vacants (12%). C’est l’équivalent en nombre de ménages d’une ville comme St Chamond ! Ceci revient à dire que la ville de Saint Etienne pourrait accueillir 17% de ménages en plus et avoir toujours des logements pour tout le monde !
Davantage de logements vides que de mal logé’es
Et pourtant, comme on peut le lire régulièrement sur le Numéro Zéro, des centaines de personnes sont mises à la rue de leurs squats ou des quelques hébergements d’hiver concédés par les pouvoirs publics. Certain’es d’entre elle’ux, forcé’es de cohabiter dans un squat surpeuplé toute l’année, se sont fait récemment expulsé’es de leur maison et n’ont d’autre choix aujourd’hui que de squatter les centres sociaux de leurs enfants ou de dormirent à la rue. La hausse des loyers en condamnent aussi beaucoup à vivre dans des logements trop petits, ou vétustes. Dans ce contexte, la quantité de maisons secondaires et le nombre croissant de logements vacants démontre une fois de plus que la situation résulte non d’un déficit de place mais d’un choix politique indécent.
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