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Publié le 6 décembre 2016 | Maj le 20 janvier 2020

Dans le monde merveilleux de Burger King


À lire dans Couac #1...

La multinationale américaine débarque en terre stéphanoise et a besoin d’employés dociles, qui seront formés aux frais de Pôle Emploi. Une réunion d’information a donc été organisée à la Maison de l’Emploi, afin de présenter les nombreux avantages à travailler pour la marque. Attention, certains propos sont aussi nauséabonds que la nourriture servie dans ses fast-food !

L’amphithéâtre est sombre au sous-sol de la Maison de l’Emploi stéphanoise. En ce jeudi 18 août, je me glisse au milieu de la petite centaine de présents pour assister à la réunion d’information organisée par Burger King. Le géant américain, fort de son rachat de Quick, compte en effet transformer tous les fast-food ligériens de la marque belge d’ici à 2020. Et pour la première ouverture, la firme souhaite embaucher 60 à 80 personnes. Des emplois « créés », bien entendu, en passant sous silence le devenir des actuels employés du Quick. La foule autour de moi est majoritairement composée de jeunes, étudiants ou chômeurs, en quête d’un emploi qui leur permette de subsister.

La réunion démarre sur quelques diapositives qui fleurent bon la propagande : des visuels des restaurants, au « design très américain avec beaucoup de bornes ». On parle du succès de la firme, qui « fait le buzz. On assiste à un raz-de-marée à chaque nouvelle ouverture. » Le contexte est posé, tout en nuances. Après cette entrée en matière, le responsable de la communication du géant américain embraye. Il est question d’embaucher des « collaborateurs », non pas des « employés » – la collaboration étant à son sommet dans les restaurants de la firme, entre un manager et ses larbins, aux conditions de travail épouvantables, mis sous pression pour tenir le rythme effréné, imposé pour répondre aux objectifs. Et ces derniers doivent être « ambitieux, dynamiques et volontaires », rien que ça ! En parlant d’ambition, la notion d’« ascenseur social » est évoquée à plusieurs reprises et présentée comme une vérité dans le monde de Burger King. En effet, la firme aura besoin de managers pour ses futurs restaurants et cherchera donc à promouvoir les plus fidèles de ses collaborateurs… ou les plus flexibles.

La réunion continue sur le même ton vaniteux : « Les femmes ont les cheveux tirés et pas de vernis, les hommes sont rasés de près, il y a une vraie normalité chez nos collaborateurs. » Je manque de m’étouffer en entendant cette phrase. Apparemment, si vous avez les cheveux détachés ou une barbe de trois jours, vous n’entrez pas dans les critères de normalité définis par nos amis américains. Mais rassurez-vous, ceux-ci ne demandent qu’à vous remettre dans le droit chemin en vous aidant à vous épanouir professionnellement. Et ils possèdent le cadre idéal pour le faire, car comme le dit notre cher communicant : « Un avantage que l’on a chez Burger King, c’est que l’on peut rajouter des ingrédients. À vous, donc, d’inciter les clients à rajouter des tomates, une salade, ce sont quelques centimes de plus à chaque fois. »

Soyez tranquilles, si vous ne vous sentez pas à l’aise avec l’idée de forcer le client à consommer, la formation de cinq semaines précédant l’embauche comprend un module d’apprentissage des techniques de vente, avec un volet spécifique dédié à la vente de produits additionnels. On passera sous silence le programme de la première semaine, presque entièrement dédié à l’historique de la firme américaine et à ses « succès ». À noter que cette formation est rémunérée, entre 310 et 652€, grâce à la générosité de… Pôle Emploi, bien entendu.

Le fameux programme d’aide à la formation permet donc à Burger King de bénéficier de salariés formés spécifiquement pour eux, indemnisés par le contribuable français. On espère que la firme américaine aura la gentillesse de rembourser cette gracieuse avance en payant ses impôts sur notre territoire ! Le responsable de Burger King conclut finalement cette demi-heure de lavage de cerveau avec aplomb par ces mots : « C’est une vraie aventure qui se présente à vous, un vrai challenge. » Dans la jungle que constitue le monde de la multinationale américaine, nul doute que l’aventure sera au rendez-vous pour les heureux « collaborateurs ».

P.-S.

A la mi-octobre, Couac, un nouveau journal pour décrypter l’actualité politique à Saint Étienne et sa région a vu le jour. Quelques articles sont relayés ici et vous pouvez trouver le reste des articles dans la version papier dans tous les lieux chouettes de Sainté. Sortie du #2 prévue pour mi-décembre !


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