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MOUVEMENT GILETS JAUNES
Publié le 20 novembre 2018 | Maj le 13 avril 2020

De quoi les gilets jaunes sont-ils le « non » ?


À Saint-Étienne comme dans toute la France, des milliers de « gilets jaunes » ont défilé, bloqué des axes stratégiques, routes, autoroutes, ronds-points, etc. Un mélange hétéroclite de gens s’est réuni autour cette étrange revendication - qualifiée ça et là de « poujadiste » - sur la baisse du prix de carburant. Voici un petit florilège de textes d’opinion et témoignages, à lire sur divers sites.

Pourquoi j’irais samedi à la manif des gilets jaunes ?

Pour ne pas rester dans la position de l’observateur qui s’apparente trop souvent à un mépris de classe.

Samedi j’en suis

Nous avons entendu beaucoup de choses à propos du mouvement des gilets jaunes tout au long de la semaine.

Dans les milieux militants ou intellectuels de gauche, les discours sont partagés. D’une part : un rejet franc et net du mouvement se refusant de voir ici autre chose que l’expression d’une partie de la population raciste, sexiste, non consciente des enjeux de classe ou de l’urgence écologique, soit une lutte profondément réactionnaire autant dans ses énoncés que dans sa composition.
De l’autre, une sorte de curiosité voir d’enthousiasme, à l’égard d’un phénomène qu’on admet volontiers complexe à délimiter et qui peut donc apparaître comme une « rupture de la temporalité pacifiée » (toujours bonne à prendre), avec l’émergence d’un nouveau sujet dans nos schémas de représentations, celui du « beauf vénèr », du pauvre en colère, autant de signifiants à la rescousse du vide qu’a laissé derrière le concept de « peuple » heureusement disparu de la théorie radicale.
Un événement qu’il convient donc de « regarder de près » voire de côtoyer pour ensuite, « revenir dessus » quand tout cela se sera tassé. Vivement que tout cela se termine donc, qu’on puisse enfin prendre le temps de réfléchir.

On l’aura donc compris, d’un côté comme de l’autre il s’agit de maintenir une position extérieure à tout cela, par peur de trop se mouiller, de nager dans l’inconnu ou carrément par dogmatisme.

Voilà la première de nos contradictions que nous renvoie à la figure ce phénomène nouveau : sommes-nous des militants et penseurs révolutionnaires ou bien des militants progressistes refusant le risque du dangereux plongeon dans l’inconnu que représente une ’’massification de la lutte’’ (ce qui peut se défendre, si c’est assumé) et des intellectuels qui pensent sur la révolution.

Au fond voulons-nous vraiment que ça change ?

Si nous sommes prêts à assumer la première option, alors nul doute sur le fait que nous devons en être, et en être pleinement. Seulement cela ne signifie absolument pas se compromettre avec des valeurs qui ne sont pas les nôtres, bien au contraire, en être signifie prendre parti, exister dans le champ politique, d’abord du côté de tous ceux qui refusent la domination de l’État et du capital, et puis sur le terrain, contre ceux qui articulent cette logique de la révolte à des énoncés réactionnaires ou discriminants et auprès de tous ceux dont la colère s’exprime pour l’instant de manière rudimentaire, non formulée ’’j’en ai marre’’. Bref comme ils le disent eux-mêmes « non-politique » pour insister sur le fait qu’il n’est pas de colère ’’a-politique’’.

Faire cela c’est se refuser de rester dans la pire position qui soit, celle de l’indifférence, celle de l’observateur qui s’apparente trop souvent à un mépris de classe, position qui mène à ne rien gagner mais qui peut tout perdre. Nous devons participer au phénomène de polarisation qui aura nécessairement lieu si le mouvement perdure, quels énoncés émergeront et prendront le pas. Dans un premier temps, il s’agit de tout faire pour qu’existe un ’’pôle d’énoncés’’ qui continuera à se focaliser sur le gouvernement, les riches et donc pas sur les arabes, les immigrés, les ’’pd’’.

Après tout, la fragmentation même irréconciliable des forces contestataires est un élément courant des épisodes révolutionnaires, dans bien des villes qui on connu de vraies révoltes populaires, on pouvait voir là un rond-point tenu par des royalistes, un autre par des anarchistes, un autre encore par des communistes. C’est dans ces moments d’ouverture des possibles que se jouent les batailles décisives, « au corps à corps » dirait-on, loin des engueulades de commentaires facebook ou de colloques universitaires.

Ceux qui sont clairement contre le ralliement ont en fait déjà tranché la question : la composante du mouvement est essentiellement réactionnaire, le combat est déjà perdu..

Lire la suite de cet article sur paris-lutte.infos : https://paris-luttes.info/sur-la-manif-de-samedi-gilet-11091

On a le même maillot mais a-t-on la même passion ?

Depuis samedi, le mouvement des gilets jaunes ne cesse de soulever une quantité de questionnements qu’il est bien difficile de démêler et qui rendent compliquée la manière de s’y rapporter.

Au cinquième jour d’une mobilisation d’une forme totalement nouvelle (largement commentée, je n’y reviendrai pas) et qui a fait la démonstration de sa capacité d’organisation matérielle, l’heure n’est plus à se demander s’il faut ou non s’intéresser à ce qui se passe sur les blocages mais plutôt comment s’y rapporter, quel rôle y a-t-il à y jouer. Force est de constater que dans cette situation, nous n’évoluons pas sur notre terrain de jeu habituel et c’est précisément ce qui fait de ce mouvement quelque chose de déroutant. Les lignes de clivage usuelles que nous rencontrons dans les mouvements syndicaux n’ont plus cours dans cet ensemble protéiforme, prétendument apolitique et soudé par la colère, dont les moyens d’expression sont parfois totalement opposés et contradictoires.

Attention à ne pas remplacer le mépris de classe par un fantasme de classe.

Dans ce contexte d’inconnue, il est important de ne pas se laisser aller à une défiance trop facile vis-à-vis d’une partie de la population que nous connaissons finalement peu, et certaines craintes entendues avant ou au début du mouvement sont déjà caduques. Le qualificatif de poujadiste tombe aussi vite qu’il a refleuri (voir à ce sujet l’article éclairant de dijoncter.info), l’extrême droite n’est pas aux manettes des opérations, et la beauferie n’est pas en soi un motif d’inimitié politique.

A l’inverse, à invoquer le mépris de classe, attention à ne pas le transformer en fantasme de classe. Nous ressentons tous une forme d’excitation à voir se réaliser spontanément des blocages massifs que nous appelons depuis des années, et à voir se déployer une certaine ingéniosité logistique. Si nous pouvons ressentir une proximité avec ’’ce que font les gilets jaunes’’, il n’en demeure pas moins que certaines facettes du mouvement nous restent en travers de la gorge et que leur répétition en différentes occasions et différents endroits ne peuvent pas nous voiler la face : oui les affects racistes ou homophobes sont bien présents au sein du mouvement (à différentes échelles selon les points de blocage) et ils ne peuvent pas être réduits à des sentiments isolés exprimés par quelques abrutis vite réduits au silence par leurs camarades de lutte.

Le mouvement a certes prouvé que les affects racistes et homophobes n’étaient pas le moteur de sa colère mais il ne s’est pas non plus franchement saisi de la question.
Nous ne pouvons pas nous contenter d’opposer aux accusations de racisme que des gens se sont interposés pour empêcher telle ou telle agression. Avant-hier au rond-point des vaches, un automobiliste d’origine maghrébine a été menacé par un gilet jaune armé d’un taser. Oui, d’autres sont intervenus pour empêcher l’agression mais ça n’en fait pas une preuve que la question du racisme est posée au sein du mouvement, d’autant que la scène s’est déroulée sous un flot d’insultes tenus par d’autres bloqueurs. On peut très bien ne pas vouloir lyncher des descendants d’immigrés et tenir un discours raciste.

Pour le moment, à travers des revendications assez floues, le mouvement des gilets jaunes tient à l’écart plusieurs sujets qui sont pourtant brûlants et qui mettent directement en cause la politique de Macron. Il semble globalement partagé au sein des gilets jaunes que ce qui est chouette dans ce qui se joue en ce moment, c’est de lutter sans se soucier de savoir qui est avec qui et de se sentir solidaire au-delà des clivages sociaux. Le tout soutenu par un ras-le-bol de voir ses conditions d’existence se détériorer (qui par la hausse du prix du gasoil, qui par la hausse de la CSG…).

Lire la site de cet article sur a-louest.info : https://a-louest.info/On-a-le-meme-maillot-mais-a-t-on-la-meme-passion-599

Témoignage d’un gilet jaune publié sur le site de lundi matin :

’’ Depuis samedi, nous nous sentons un peu moins seuls et un peu plus heureux ’’

Que pensent les gilets jaunes

Bonjour,
J’ai 57 ans et je suis employé dans une PME en Seine-Maritime. Je ne suis pas un de vos lecteurs mais il s’avère que mes enfants vous lisent régulièrement et qu’après de longues heures de discussion (et d’engueulades) ce dimanche, ils m’ont convaincu de rédiger et de vous envoyer ces quelques réflexions sur le mouvement des gilets jaunes auquel je suis heureux et fier d’appartenir.

Pour commencer, je tiens à dire que ce qui suit n’est que mon avis et mon regard sur le mouvement. Il est influencé par ce que j’ai vu et ce dont j’ai discuté tant avec des amis qu’avec mes enfants donc. Contrairement à tous les médias qui tentent de nous ausculter depuis deux jours, je ne prétends pas dire la vérité sur ce mouvement qui est composé de nombreuses personnes très différentes avec des idées différentes, des objectifs différents et probablement des rêves très différents. Ce que nous avons en commun, c’est notre ras-le-bol et notre action. C’est à la fois beaucoup et très peu mais il s’avère que désormais, on existe.

Avant même que nous agissions, la plupart des médias et de nombreux politiciens nous on décrit comme des gros balourds anti-écologiques qui voulaient préserver le droit à polluer tranquille. Sur quelle planète pensent-ils que nous vivons. Contrairement à eux, nous avons les pieds sur terre. Non, nous ne réclamons pas le droit à polluer chaque jour un peu plus une planète déjà bien mal en point. Ce que nous refusons c’est ce chantage dégueulasse qui consiste à faire peser sur nos épaules la responsabilité du carnage écologique et son coût. Si la planète est dans cet état, si on n’est même pas certains que nos petits enfants y survivront, c’est pas parce que nous utilisons notre voiture pour aller au boulot mais parce que des entreprises, des dirigeants et des hommes politiques ont jugé pendant des années qu’il fallait mieux faire tourner l’économie à toute blinde plutôt que de se préoccuper des animaux qui disparaissent, de notre santé, de notre avenir. C’est d’ailleurs ce qu’ils continuent de faire en nous faisant les poches pour financer une pseudo transition écologique pas du tout à la hauteur des enjeux. Ces gens se sont décrédibilisés dans à peu près tous les domaines mais quand il est question de l’écologie et de la survie de l’humanité, là, il faudrait leur faire confiance. À d’autres.

Certains disent que nous bloquons tout pour pouvoir mieux redémarrer le lendemain. C’est pas vrai. En tous cas, ce n’est pas mon cas. Ce que nous bloquons, c’est notre vie quotidienne. Les départementales, les nationales, les zones commerciales. Nous bloquons le train-train de notre propre vie. A Paris, les gilets jaunes ont voulu bloquer Disneyland aujourd’hui, la police les en a empêché et ils ont donc décidé de seulement rendre le parking gratuit. Quand tu vas à Disneyland et que tu apprends en arrivant que tu vas devoir payer 20€ juste pour pouvoir te garer, tu penses quoi. Les gilets jaunes ils ont pensé que c’était du racket et l’ont rendu gratuit pour tout le monde. Que tu sois pour ou contre Disneyland, t’es pour que le parking de Disneyland soit gratuit.

Sur les blocages, il y avait des syndicalistes plutôt sympas mais qui passaient leur temps à dire à qui voulait les entendre qu’il fallait s’en prendre aux patrons, s’organiser sur nos lieux de travail, etc. Ils ont certainement raison mais le problème c’est que nous ne travaillons pas tous dans de grandes usines ou de grosses entreprises dans lesquelles le rapport de force nous permet de faire pression pour que nos salaires augmentent. Beaucoup d’entre nous sont simples employés, auto-entrepeneurs, chômeurs, etc. Le patron que nous avons par contre tous en commun, c’est Macron, c’est donc lui qu’on veut faire plier.

Après, oui c’est vrai que bloquer le pays ce n’est pas forcément révolutionnaire et pour tout dire, je ne suis pas bien certain de savoir ce que ça pourrait vouloir dire aujourd’hui de faire la révolution. D’un côté, il y a tellement de choses qui nous étouffent, nous asservissent, nous abêtissent et nous rendent globalement malheureux mais de l’autre il y a un mode de vie qui nous tient et auquel on tient. La famille, les barbecues avec les amis, les collègues de travail, ça peut paraître futile mais désolé, non, on ne passe pas nos soirées à regarder Arte et nos week-ends à aller au musée.
D’ailleurs, je suis pas un spécialiste de l’Histoire mais je crois pas qu’en 1789 ou en 1968, les manifestants savaient précisément ce qu’ils voulaient et la direction qu’ils voulaient prendre avant que les événements commencent. Je suis peut-être trop optimiste mais je pense qu’il faut que nous nous fassions confiance.

Après, je comprends que ce flou, cet inconnu, fasse peur à certains. Beaucoup de gens dans mon entourage n’ont pas voulu rejoindre les gilets jaunes car ils disaient que c’était un truc de facho manipulé par le Front National. Sauf que ce n’est pas le cas, ils sont nombreux les politiciens qui voudraient récupérer le mouvement, le FN en première ligne (et Mélenchon pas loin derrière) mais pour l’instant aucun n’y arrive. Entendons-nous bien, je ne dis pas qu’ils n’y arriveront pas mais si cela arrive ce sera le cancer qui tuera le mouvement. Et oui, j’ai vu à la télévision qu’il y avait eu des actes et des insultes intolérables contre des homosexuels et des personnes d’origine étrangère, ça me révulse comme tout le monde mais c’est dégueulasse d’en faire ses choux gras pour amalgamer tout le monde et sous-entendre que lorsqu’on est ’’populaire’’ on est forcément bêtes et méchants. J’ajoute qu’aux deux blocages auxquels j’ai participé, le rond-point d’accès à toute une zone industrielle et toutes les entrées de la plus grande zone commerciale de la région, il n’y a pas eu d’incidents si ce n’est quelques prises de bec parfois un peu violentes verbalement avec quelques automobilistes qui en avaient marre d’attendre et faisaient franchement la gueule. Oui il y a bien des racistes et des abrutis sur les blocages mais c’est à nous qu’il revient de mettre les points sur le i avec eux, pas aux éditorialistes bien au chaud sous les projecteurs de leurs plateaux télés. Leur petit avis sur tout, on s’en fout.

Lire la suite ici : https://lundi.am/Depuis-samedi-nous-nous-sentons-un-peu-moins-seuls-et-un-peu-plus-heureux

Texte trouvé sur la page FB du collectif "le gueuloir" de Saint-Étienne :

« LE MOUVEMENT DU 17 : TOURNANT OU SORTIE DE ROUTE ?

Aller ou ne pas aller au mouvement du 17 ? Telle est la question du moment.

Il faut dire que celle-ci est complexe. Ce mouvement a émergé dans des conditions tout à faire spécial : pour une fois il ne s’agit pas d’un appel parti des organisations syndicales, mais d’un raz-le-bol qui a fleuri sur les réseaux sociaux avant de se concrétiser sous la forme de gilets jaunes.

Qui est derrière tout ça ? C’est la deuxième question qui revient le plus et pour laquelle il est difficile d’apporter une réponse, car depuis que cet appel a été passé différentes structures et institutions politiques s’en sont emparé, si bien qu’on trouve à la fois : des fachos, des black bloc, des Insoumis, des socialo, des motards en colère, etc.

Ce qui est sûr, c’est que ce sujet en apparence trivial réuni une flopée de gens aux idées et aux motivations divergentes, voire opposées, et qu’il rencontre à l’inverse des opposants aux idées et aux motivations tout aussi différentes.

Plusieurs points de ce mouvement suscitent, en effet, la méfiance voire la réticence. Déjà il y a, comme on l’a déjà dit, le fait que des fachos et des flics, habituels opposant des manifestants, risquent exceptionnellement du même côté de la barricade au cours de cette mobilisation.

Ensuite, il y a aussi l’objet de la mobilisation qui est source de dissension, celui-ci a le don d’énerver les plus écolos des militants qui préféreraient manifester contre l’industrie du pétrole et pour des transports moins polluants (et ça se comprend).

Cette mobilisation est aussi critiquée à cause du côté assez léger de ses revendications. En effet, pourquoi militer contre la hausse du prix du carburant alors que le gouvernement est en train de nous enfoncer avec des tas d’autres réformes beaucoup plus catastrophiques ? (cf : loi travail, casse des services publics, réformes de l’éducation, hausse de la CSG, etc).

Mais si l’objet de la mobilisation semble assez trivial, ce qu’il se cache derrière l’est beaucoup moins. En effet, la hausse du prix de l’essence peut faire sourire les militants les plus investis, mais il existe beaucoup de personnes pour lesquelles la voiture est un élément nécessaire et essentiel du quotidien.

À cette époque du travail mobile et casualisé, marqué par les boulots à temps partiel, les horaires atypiques et la multiplication des déplacements, la voiture est devenue un outil essentiel. De nos jours, on ne peut quasiment plus trouver de job si on n’a pas le permis. Pour ces trajets, tout comme pour les trajets quotidiens, les campagnards sont moins bien lotis que les citadins, car ils doivent faire des trajets très long qui leur coûtent souvent un bras (d’autant qu’ils doivent payer les péages).

Ainsi la question du prix de l’essence n’est-elle pas si anodine, car elle renvoie à d’autres réalités qui y sont rattachées : l’injonction à la mobilité au sein du travail, les dépenses de plus en plus chère à tous les niveaux et la mauvaise foi du gouvernement qui incite les gens à être plus écolos alors qu’ils n’en n’ont pas les moyens et cela tout en permettant à l’industrie du pétrole et à celle du nucléaire de prospérer.

Voir cet article de Mediapart : https://www.mediapart.fr/journal/france/151118/dans-l-orne-pour-certains-ici-c-est-prendre-la-voiture-ou-manger?fbclid=IwAR3EODCjnFpT1GWjEGYlKaqqh_W15rEBrxH-p_Kpeuc4aF1G-brYAL5_iKQ

Ce mouvement de protestation pourrait dépasser la seule critique consumériste du pouvoir d’achat pour s’atteler à des questions plus larges, car derrière ce cri de colère se cache un sentiment aigu d’injustice d’un écart de plus en plus croissant entre les milieux les plus précaires et ceux les plus aisés...

Alors ce mouvement est-il le coup de fronde qui va conduire à une révolution comme certains semblent l’espérer ? Il est vrai qu’il serait plaisant d’y croire, tant ce mouvement fait penser aux bonnets rouges et au printemps arabe. Sauf que contrairement eux il n’est né que d’internet. Celui-ci peut-il vraiment se concrétiser ? Difficile d’y croire lorsqu’on voit comme il est difficile de rameuter des gens dans la rue avec de simples événements facebook. Si cela arrive, il s’agirait d’une première !

Néanmoins, à l’heure actuelle, il est impossible de savoir si ce mouvement va prendre ou non, ni la forme il va adopter. Certains motivés souhaitent bloquer au-delà du 17, espérant le renfort des ambulanciers, des routiers et de certains commerçants décidés à fermer boutique le samedi. Mais vont-ils vraiment avoir ce soutien ? En tout cas ce qui est sûr c’est que la plupart des mouvances syndicales ont décidé de se tenir à l’écart de ce mouvement, mais peut-être changeront-elles d’avis si le mouvement prend de l’ampleur...

En bref, on ne sait pas ce que ce mouvement va donner.

Voir ce post de Nantes Révoltée : https://www.facebook.com/Nantes.Revoltee/photos/a.336512019718311/1933535783349252/?type=3&theater&__tn__=-

En fin de compte, on ne peut spéculer et parier sur l’avenir, car tout va dépendre nombre et des gens qui seront présents, de tout ça dépendra le genre d’actions qui seront menées et cela risque d’être très différent d’une ville à l’autre. À chacun de faire son choix en acte et conscience.

Alors ce mouvement a-t-il se solder par une simple journée de mobilisation ou déboucher sur une grève générale et illimitée ? Réponse le 17. »

Gilets jaunes et écolos, pas le même maillot, mais la même récupération


Les Lyonnais.es étaient 15 000 à manifester pour le climat le 8 septembre, et ce samedi 17 novembre, peut être que 15 000 autres Lyonnais.es manifesteront pour défendre leur pouvoir d’achat. Et pendant que les premiers traitent les seconds de beauf, et les seconds traitent les premiers de bobo, Macron se frottera les mains. Car il ne faut pas se voiler la face, en 2022, face à des Français.es à bout qui se tournent vers les’’extrêmes’’, Macron se fera réélire sur un programme de ’’défense de la démocratie’’. Et au final, le climat sera toujours dans la merde et la paupérisation générale toujours en marche.

Pendant ce temps, les cheminot.es étaient 500 à manifester le 9 novembre pour un vrai service public du rail. Pour la relance des lignes rurales fermées durant ces 30 dernières années, forçant les ruraux à utiliser leurs voitures, non par choix, mais par non-choix. Pour la non privatisation de la SNCF et le maintien d’un service public accessible à tou.tes, ou du moins plus accessible qu’aujourd’hui. Pour le développement, ou du moins le non-enterrement, du ferroutage pour que le transport de marchandise ne se fasse plus par camion avec tous les dégâts environnementaux que cela implique. En somme pour un service public du transport qui soit écologique et social ... bizarrement on était qu’une pauvre cinquantaine à être venu manifester avec eux.

Et pourtant, ne serait-ce pas la solution la plus simple, la plus bénéfique, et la plus écologique pour tout le monde qu’on arrête de lutter de manière divisée, soit pour des voitures polluantes qui sont vouées à disparaître à court ou moyen terme, soit à cause de leurs ravages écologiques, soit à cause de la disparition de la matière première, soit de manifester pour ’’la nature’’, le ’’climat’’ comme concept éthéré qui n’engage au final les gouvernants qu’à faire de belles phrases sans n’avoir à agir concrètement pour rien. Ou alors, plus cynique, mais tellement plus malin de leur part, d’utiliser les manifestant.es pour le climat pour justifier une nouvelle hausse d’impôt qui n’a pour but que de combler le déficit de l’État que le gouvernement Macron a creusé à force d’exonérer d’impôts les plus riches, en transformant l’Impôt de Solidarité sur la Fortune (-3,2 milliards d’euros pour l’État), en supprimant la taxe d’habitation (qui touchait plus fortement les détenteurs de capitaux immobiliers), et en réduisant l’impôt sur les sociétés.

Mais surtout la politique macronienne est basée sur un concept simple. Depuis la mort du Parti Socialiste et l’affaiblissement des Républicains, le ’’centre’’ est dans les choux et il est le seul représentant auto-proclamé d’une voix ’’raisonnable’’ et ’’démocratique’’ face à la montée des ’’extrêmes’’. Pour s’assurer une réélection dans un système politique où les élections les plus importantes sont à deux tours (présidentielles, régionales, législatives ...), Macron n’a pas besoin d’être soutenu par la majorité de la population, mais uniquement par un très léger tiers des électeurs (qui ne représentent pas eux même la moitié de la population). Car il sait que le report des voix entre l’extrême droite et l’extrême gauche est très faible et que tout duel électoral avec un ’’extrême’’ jouera toujours en la faveur du ’’centre’’. Selon une conception du ’’centre’’ et des ’’extrêmes’’ totalement flou et propre à une analyse politique d’un plateau télé entre un épisode de télé-réalité et un événement sportif. Car soyons clair, Macron n’est en rien un modéré, mais mène une politique violente (extrémiste) contre les pauvres, les immigrés, etc .... Ce n’est pas pour rien que médias dominants et politiciens en marche crient aujourd’hui au poujadisme face à une exaspération légitime de la population d’être ponctionnée toujours plus pendant que le gouvernement exonère les plus riches réformes après réformes.

On pourrait aussi débattre sur le tapage médiatique de ce mouvement du 17 novembre. Si la cause écologique, et la lutte contre le réchauffement climatique, sont récupérées par Macron pour ces magouilles politico-financières, cette journée d’action est une grande foire à la récupération maladroite. Entre le Rance Nationaliste qui récupère en bloc et donne raison à tous ceux qui souhaitent réduire cette colère à une crise poujadiste, et la France ’’c’est moi’’ qui hésite entre ne pas froisser ces électeurs urbains, donc forcément écolos-bobos anti-voitures, et soutenir ses électeurs ruraux, et qui donc patauge dans l’entre-deux intenable, cette journée d’action risque de se résumer à un jeu politico-médiatique de qui réussira à récupérer les bulletins de vote pour les élections européennes de mai 2019. Cette récupération est d’autant plus facile que les appels à manifester et bloquer le 17 novembre sont flous, issus de réseaux sociaux désorganisés et ne proposent au final rien d’autre qu’un statu-quo sur le prix du gazole. Une aubaine pour celui ou celle qui gueulera le plus fortement et qui pourra récupérer une colère légitime.

Lire la suite sur le site de rebellyon.info : https://rebellyon.info/L-ecologie-est-t-elle-un-concept-ethere-19782

Chantage vert, colère noire, gilets jaunes

Récit et analyse subjective de la manifestation dijonnaise des ’’gilets jaunes’’.

On était plusieurs amis à scruter le mouvement des gilets jaunes qui s’annonçait depuis un petit moment. Attentifs parce que, mine de rien, le mouvement est relativement spontané, et part d’une colère légitime : une nouvelle taxe qui vient toucher des populations déjà bien précarisées, notamment les campagnes et leurs laissé·es-pour-comptes. Sceptiques aussi, puisqu’évidemment les tentatives de récupération de la classe politique, et en particulier de l’extrême-droite (de Wauquiez à Le Pen) ne nous ont pas échappé. On est donc allé sur place pour voir ce qu’il en était vraiment.

L’évidence selon laquelle Macron est un nuisible semble largement partagée. En se dirigeant vers le lieu du rassemblement - à Dijon c’était le parking du Zénith, aux abords de la rocade - les premiers groupes de gilets jaunes apparaissent plusieurs centaines de mètres avant le point de rendez-vous. On s’y attendait et cela nous le confirme : la foule va être massive. Comme on espère toujours la voir dans les luttes sociales, mais aussi comme on a pu la voir dans les douteuses marches ’’Je suis Charlie’’. On ne va pas s’avancer à annoncer des chiffres : cette manif était bien trop massive et foisonnante pour permettre un décompte. On se contentera de dire que la manif dépassait largement les 5000 à 6000 personnes, chiffres annoncés par la Préfecture.

Lire la suite sur le site de dijoncter.info : https://dijoncter.info/?chantage-vert-colere-noire-gilets-jaunes-671

À lire sur le mouvement du 17 novembre :

- Gilet jaune : en voiture !

- Le 17 novembre sera-t-il apolitique ?

- Blocage contre l’augmentation des prix et son monde

- C’est jaune, c’est moche et ça peut vous pourrir la vie…

- 17 novembre : qui sont les « gilets jaunes » ?

- Pouvoir d’achat : des mesures dérisoires


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