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Publié le 5 janvier 2019 | Maj le 11 avril 2020

La traque continue : des nouvelles de familles roms


Dans cette tribune, les associations dénoncent l’absence de moyens mis à disposition par la puissance publique pour garantir un hébergement aux personnes à la rue et « la violence policière et la pression administrative » qui contraignent ces dernières à se cacher [1]. La traque dont font l’objet à Saint-Étienne des familles roms l’illustre jusqu’à la caricature.

En ce début novembre [2017], alors que dans les chaumières les radiateurs montent en température, des familles roms dormaient encore sous des tentes place Jacquard. Chassées au petit matin par la police, elles pointaient tous les jours place Jean Jaurès sous les fenêtres de la préfecture avec toutes leurs affaires, matelas et couvertures entassés sur des poussettes, signifiant ainsi aux autorités et à tous leur existence et leurs conditions de vie dehors avec des enfants de tous âges. Mais ni le 115 (SAMU social), ni la préfecture ou encore le CCAS (Centre Communal d’Action Sociale) [2] ne répondaient aux signaux de détresse qui leur étaient adressés.

Au regard du nombre de logements vides à Saint-Étienne qui accueillent toute l’année… de l’air, rien n’était plus logique que d’en ouvrir un pour s’y installer au sec. C’est ce qu’elles ont fait, avec d’autres personnes venues en soutien. Malheureusement une voiture de police devait encore et comme à son habitude passer par là … Alors l’affaire tout juste commencée s’est terminée au poste, avec 6 personnes — dont un mineur — arrêtées et placées en garde à vue pour la nuit et la journée du lendemain. Comme si la traque continuelle de la mairie et de sa police pour chasser ces familles des lieux où elles s’installent ne suffisait pas (de nuit comme de jour, parfois en jetant ou en brûlant leurs affaires pendant leur absence), les Roms placés en garde à vue sont sortis du commissariat avec une OQTF (Obligation de quitter le territoire français, dans les 30 jours) et une convocation au tribunal pour dégradation. Lourd prix à payer pour avoir tenté de trouver une solution à leur galère. Certaines familles sont à Saint-Étienne depuis 6 ans et elles subissent toujours les humiliations des forces de l’ordre, les plaintes déposées par la mairie menant aux expulsions de leurs squats et campements, les arrêtés municipaux dits de « ”‰tranquillité publique”‰ » interdisant les regroupements et « ”‰l’occupation prolongée”‰ » de plus de 3 personnes sur les places et dans la rue”‰ ! [3] Des arrêtés clairement dirigés contre eux et d’autres personnes considérées par la mairie comme nuisibles pour l’image de la ville...

La nuit suivant les arrestations, la police a encore cherché à repousser ces familles pour qu’elles ne s’installent pas dans le centre. L’une d’elles a quand même passé deux nuits place Jacquard, alors qu’une pluie battante tombait sur leur tente et que les températures chutaient” ; pour être finalement logée pour une semaine reconductible à l’hôtel par le 115, en attendant d’être peut-être accueillies dans un gymnase. Gymnase qui n’ouvrira pas ses portes avant décembre, sauf si les températures atteignent les -5 °C plusieurs jours de suite, seuil acceptable pour légitimer l’ouverture (uniquement de nuit) d’un vaste lieu sans intimité, pour y entasser toutes les personnes à la rue.

P.-S.

Notes

[2Organisme de la mairie qui délivre les domiciliations (donnant accès au minimum d’aide) mais qui les refuse presque systématiquement aux Roms.

[3L’arrêté municipal portant sur la tranquillité publique pris le 1er avril 2015, régulièrement renouvelé depuis, entend interdire « ”toutes occupations abusives et prolongées des rues et autres dépendances domaniales mentionnées à l’article 4 dudit arrêté, accompagnées ou non de sollicitations à l’égard des passants lorsqu’elles sont de nature à entraver la libre circulation des personnes ou bien de porter à atteinte à la tranquillité, au bon ordre et à l’hygiène publique.” » La Ligue des droits de l’Homme tentera un recours en justice pour faire abroger cet arrêté, recours qui sera rejeté par le tribunal administratif de Lyon.


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