Actualité et mémoire des luttes à Saint-Étienne et ailleurs
ANALYSES ET RÉFLEXIONS EXPLOITATION ANIMALE
Publié le 20 juillet 2011 | Maj le 23 avril 2020

La violence sociale à l’encontre du végétarisme pour les animaux


La végéphobie ou le rejet du végétarisme pour les animaux et la discrimination des personnes végétariennes. Quelques réflexions à propos des causes, des conséquences et des perspectives de lutte.

Je suis très heureux de la parution d’un livret intitulé « La végéphobie ou le rejet du végétarisme pour les animaux et la discrimination des personnes végétariennes. Quelques réflexions à propos des causes, des conséquences et des perspectives de lutte ».

Même et surtout si vous êtes critiques vis-à -vis de l’idée de végéphobie, il faut lire cette brochure !
Je pense qu’elle révolutionne beaucoup d’idées reçues.

D’une part, l’état des lieux qu’elle nous livre de la violence à l’égard des végétarien-nes, qu’elle soit interpersonnelle ou qu’elle soit institutionnelle, est éloquent, voire effarant. On s’aperçoit à quel point nous la sous-estimons systématiquement (un début d’explication est donné de ce phénomène général).
D’autre part les analyses qui sont exposées permettent de resituer ce phénomène, d’habitude banalisé ou simplement psychologisé, dans un cadre politique considérant un système de domination et d’exploitation (des humains sur les autres animaux) que ses acteurs défendent « toutes griffes dehors » contre toute remise en question, ce qui n’est pas sans précédents dans l’histoire des contestations d’autres types d’oppressions : des parallèles sont faits avec la répression dont ont été, et sont toujours l’objet les luttes contre le patriarcat ou l’hétérosexisme, contre le système raciste, etc.

Il ne s’agit pas de dénoncer pour dénoncer ni de se poser en victimes, mais au contraire de regarder en face la violence sociale qu’en tant qu’opposant-es à la domination humaine nous prenons en pleine figure, et surtout quels effets cela a sur nous-mêmes et sur notre façon de lutter : les considérations qui concluent ce livret nous engagent à revoir en profondeur notre façon d’envisager la lutte animaliste.
Rien que pour cela, pour le basculement de point de vue que ce livret induit, ça vaut le coup de regarder !

yves

Voici un extrait de l’intro, qui j’espère vous donnera envie d’en savoir plus :

Les luttes contre les inégalités et les injustices ont toujours été menées par une minorité qui a fait entendre ses critiques et ses revendications. Plus ces critiques et revendications ont été débattues, plus la minorité s’est développée et la lutte s’est trouvée renforcée. Le débat est essentiel pour faire progresser la condition des animaux dans nos sociétés humaines. Or, les militants animalistes [1] savent que mettre en place un cadre adéquat pour permettre ce débat est une chose difficile, voire impossible, même - et surtout ? - dans un pays comme la France. Il devrait être possible de faire admettre une chose infiniment simple : les animaux ne veulent pas souffrir et être tués, nous n’avons pas besoin de les faire souffrir et de les tuer, donc ne les tuons pas. Et pourtant, cet argument élémentaire n’est pas saisi.

Ce n’est pas simplement parce que les humains ne veulent pas renoncer à leur plaisir de manger de la viande qu’il n’est pas entendu. C’est aussi parce que, nous, végétariens [2], sommes inaudibles, parce que tout est mis en place, à l’échelle de la société tout entière, pour nous rendre inaudibles. Nous ne pouvons débattre, parce qu’on nous en empêche.

Cela peut paraître nombriliste de se dépeindre comme une minorité éclairée inaudible dans une société où nous jouissons de droits fondamentaux, dont la liberté d’expression. Néanmoins, les témoignages convergent en ce sens : dès que nous voulons mettre en avant le sort des animaux d’élevage, de quelque manière que ce soit - y compris par le simple fait de refuser la viande - nous sommes marginalisés (à des degrés divers) et tout va dans le sens d’une brutale censure. Cette dernière est perçue par les végétariens la plupart du temps, mais elle n’est que rarement identifiée. Et surtout, on a rarement réfléchi à ses conséquences. Pour la nommer, nous avons choisi de l’appeler végéphobie, en référence à la première fois qu’elle a été nommée : dans le manifeste de la Veggie Pride. Nous avons voulu étudier les différentes formes qu’elle prend et les conséquences qui en résultent, non seulement pour nous, végétariens, mais aussi pour les animaux en général. Pour être clairs, nous affirmons que la végéphobie est extrêmement nuisible aux animaux parce qu’elle bloque la diffusion des idées et pervertit le débat.

Comment définir la végéphobie ?

Ce mot est composé du suffixe « phobie » et peut être mis en parallèle avec d’autres mots formés de la même manière désignant des comportements sociaux, notamment l’homophobie. Il désigne le rejet qu’on suscite en tant que végétarien pour les animaux. Les sentiments de peur, de mépris et même de haine l’accompagnent parfois. Ce rejet est dû au fait que les végétariens posent nécessairement, même à leur insu, la question de la consommation des chairs d’animaux. C’est en tant qu’opposants à la consommation de viande, et donc à la domination humaine, que les végétariens se retrouvent en butte à des réactions violentes.

Pourquoi la comparaison avec l’homophobie ?

Parce que, de même que l’homophobie est garante d’un ordre social fondé sur l’assignation des genres masculin et féminin, sur la domination masculine et sur la contrainte à l’hétérosexualité qui en découle, la végéphobie joue le rôle de garde-fou vis-à -vis d’un système fondé sur la différenciation stricte des animaux et des humains, sur le refus de considération des intérêts des premiers et sur la domination des seconds. L’homophobie consiste en un ensemble très varié de dispositifs sociaux violents visant à réprimer (ridiculiser, décourager, invisibiliser, punir, ...) l’homosexualité masculine (ou une masculinité jugée insuffisamment « virile ») et féminine en tant qu’elles constituent une menace pour l’ordre genré et la domination masculine qu’il permet.
La notion de végéphobie regroupe elle aussi des comportements très variés qui visent à dissuader quiconque de remettre en cause la consommation de la chair des animaux, qui est la pratique principale et le symbole le plus important de la domination spéciste.
La végéphobie est un des aspects du refus de tout ce qui peut faire vaciller les certitudes spécistes et remettre en cause l’exploitation et la place des animaux dans notre société.

Lisez la suite ! :)
Si vous souhaitez l’imprimer ou photocopier, le texte est téléchargeable en version livret, ou pour le lire sur écran, en mode page.

Notes

[1Par souci de clarté, nous avons choisi d’appliquer les règles de grammaire traditionnelles concernant l’usage du genre masculin pour marquer le neutre, bien que nous pensions que cet usage est un reflet de la domination d’un genre (masculin) sur un autre (féminin).

[2Végétarien : individu qui ne mange pas d’animaux. Les végétaliens (qui ne mangent pas non plus de laitages ni d’œufs), en tant que personnes ne mangeant pas d’animaux, font partie des végétariens.


Proposé par yves
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