Grnd Zero est une salle autogerée (sans chef ni subventions), squattée (les locaux appartiennent à la Communauté urbaine de Lyon, « le Grand Lyon »), située au 24 rue Clément Marot, dans le 7e arrondissement. Cette salle de spectacle, pouvant accueillir jusqu’à 350 personnes, est gérée par l’association « Superchampion » qui regroupe elle-même plusieurs associations. ( M. Kaugumi, SK records, Outopos...) et autres supers individus tous et toutes activistes depuis de nombreuses années dans le milieu dit des cultures underground, marginales, expérimentales.
Seul ou en partenariat avec d’autres associations, Superchampion organise des concerts, des projections de films, des expos, des boums, et a bientôt l’attention d’ouvrir sa programmation au théâtre, à des conférences, des repas de quartier etc.Depuis l’ouverture de la salle au public, le 9 octobre 2004, nous comptons déjà près de 1 700 petitssuperchampions-adhérents.
Mais le Grnd Zero n’est pas seulement une salle de diffusion. On y trouve des locaux de répétition, des bureaux de labels et bientôt un labo photo et des ateliers d’arts plastiques-visuels. En plus des groupes lyonnais qui répètent quotidiennement dans nos locaux, Superchampion a déjà accueilli quatre artistes musiciens internationaux (musiques électroniques, musiques improvisées,rock) dans le cadre de « résidences ».Bref après trois mois d’activités, on compte déjà 16 concerts, 3 vidéoprojections, une boom et une exposition.
Enfin, il y a une partie habitation qui permet aux Superchampions superpasriches d’avoir un endroit chaud (ou presque) et décent où vivre et développer leurs superpouvoirs...
Pourquoi on fait ça alors que c’est très fatiguant ?
Depuis plusieurs années, la situation des cultures dites d’avant garde est catastrophique à Lyon. Prenons le seul exemple des musiques actuelles, amplifiées, bizarres, disssonantes, dérangeantes, assourdissantes, appelez-les comme bon vous semble... Les fermetures du Pez Ner à Villeurbanne puis du Kafé Myzik sur les Pentes de la Croix-Rousse ont laissé un grand vide douloureux qui fait mal au circuit indépendant. Pourtant, toutes les études et autres expertises sollicitées par les décideurs publics ne cessent de souligner combien ces musiques sont les mal aimées des politiques culturelles nationales et locales.Certes, si on s’en tenait aux discours enchanteurs de nos élus, on pourrait encore croire à la bonne santé des musiques actuelles sur Lyon tant au niveau de la création que de la diffusion. Souvenons nous de la campagne électorale de notre maire PS, Monsieur Gérard Colomb en 2001 : les musiques actuelles devaient être un de ses principaux chevaux de bataille culturels. A l’heure où les services de communication de la Ville matraque les Lyonnais avec le bilan de mi-mandat, Superchampion a également une terrible envie de dresser le sien...
Bilan des musiques actuelles sur Lyon ? : un grand zero pointé (héhéhé)...
Alors même qu’ils ne drainent qu’une petite partie socialement élevée de la population lyonnaise, ce sont les grands équipements tels que l’Opéra ou l’Orchestre national qui bénéficient d’une large partie de l’argent public. Et lorsqu’ il s’agit d’aider le secteur des musiques actuelles, que fait la municipalité de Lyon ? Elle laisse couler le Kafé Myzik comme lieu de diffusion et se montre totalement indifférente aux efforts des bénévoles du lieu pour anticiper la fermeture et trouver une autre salle. La Ville raye d’un trait 10 ans de diffusion des musiques avant-gardistes à Lyon.
Aujourd’hui, comme souligne le 491 (n°100, janvier 2005), le soutien de la mairie de Lyon aux musiques actuelles consisite à dépenser 60 % des deniers publics mobilisés pour ce secteur pour un festival électronique de TROIS jours, qui du reste dépend du budget évenements de la ville et non pas de la Culture, au même titre que le quai des guinguettes ou le 8 décembre. Et Cela signifierait-il que ; pour Gérard Colomb et ses accolytes, les musiques actuelles ont pour seule et principale vocation à n’être qu’une vitrine politique, une vulgaire campagne de promotion locale afin d’attirer investisseurs nationaux ou étrangers, et autres jeunes cadres branchés et dynamiques au sympathique pouvoir d’achat ?
Face à cet état des lieux désastreux et à l’inertie des pouvoirs publics, Superchampion a décidé d’endosser sa belle combinaison rose et de prendre les devants. Pauvres comme des rats asthmatiques, le squat s’est avéré être notre seule option. Si d’un strict point de vue juridique notre action est illégale, nous sommes convaincus de la légitimité de notre démarche. Nous avons un vrai projet culturel à défendre, un projet qui ne fait que concrétiser ce que les multiples rapports officiels préconisent depuis des années au sujet des friches artistiques, des nouveaux territoires de l’art etc. C’est pourquoi nous avons décidé d’occuper un des très nombreux locaux vides du Grand Lyon. En se réappropriant un espace appartenant aux autorités locales, nous entendons les mettre face à leurs responsabilités en matière de politique culturelle.
Abandonnés depuis plusieurs mois, les locaux que nous occupons au 24, rue Clément Marot font partie du projet de réaménagement urbain du secteur Bon Lait(8 ha). Les travaux de réaménagement sont censés durer 9 ans et le cahier des charges n’est toujours pas bouclé. Le Grand Lyon désire nous expulser sans délai et démolir ce bâtiment, sachant pertinemment que cette zone restera à l’abandon pendant des mois voire des années.Par ailleurs, au-delà même du projet culturel défendu par Superchampion, la salle de spectacle est en fait un cyclo (c’est à dire que notre salle n’a pas d’angle). Selon les différents vidéastes, photographes qui sont passés dans cette salle, Lyon a là quelque chose de quasi unique en termes de surface, de hauteur. Il existe bien le studio 24 à Villeurbanne mais des projets à petits budgets ne peuvent en aucun cas se l’offrir. Si le bâtiment n’a aucune valeur patrimoniale historique en soi, il a en revanche un intérêt culturel certain (encore une fois au delà même de ce qui s’y passe actuellement)...
Dès notre entrée dans les lieux, nous avons sollicité notre propriétaire pour négocier une convention d’occupation temporaire. Depuis notre arrivée, nous ne cessons de nous manifester auprès des élus et autres chargés de mission afin d’expliquer notre démarche et nos attentes.Nous voulons un lieu de diffusion pour les cultures underground. Quelque chose qui soit à la hauteur du standing de la soi-disant deuxième ville de France. Quelque chose qui ne réduise pas la culture sous toutes ses formes à sa valeur marchande, mais à ce qu’elle est réellement, un moyen de communication plus ancien que SFR, Orange ou TF1.
A Grrnd Zero, nous avons un tel lieu. Et nous comptons bien le défendre. RDV donc le 17 janvier pour le procès.
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