Actualité et mémoire des luttes à Saint-Étienne et ailleurs
MÉMOIRE ÉCOLOGIE - NUCLÉAIRE / MOBILISATIONS - LUTTES
HAUTE-LOIRE (43)  
Publié le 29 avril 2020 | Maj le 16 mai 2020

Retour sur la lutte contre le barrage de Serre de la Fare sur la Loire


Le 29 avril 1989 démarre un week-end de mobilisation au Puy-en-Velay : des manifestations rassemblent 10 000 personnes pour protester contre le projet du barrage du Serre de la Fare ainsi que d’autres aménagements du bassin versant de la Loire. Depuis plus d’un an déjà, le site est occupé par des opposants et il le restera encore cinq ans (soit 1825 jours en continu), jusqu’à l’abandon du projet. Retour historique avec un article initialement paru dans le Couac d’automne 2016.

Une décennie de résistance

En 1971, un rapport de l’agence de l’eau de la Loire-Bretagne envisage des grands projets d’aménagement sur la Loire et ses affluents. À la suite d’une crue qui, en 1980, tue huit personnes en banlieue du Puy-en-Velay, les autorités locales décident de soutenir le projet de construction du barrage de Serre de la Fare, y voyant la seule solution pour prévenir d’autres crues. L’Établissement Public pour l’Aménagement de la Loire et ses Affluents (EPALA) est créé en 1983 et prévoit la construction de quatre nouveaux barrages : à Serre de la Fare, Naussac 2, Le Veurdre et Chambonchard. Le barrage du site de Serre de la Fare atteindrait 75 mètres de haut et noierait 14 km de gorges et 587 hectares de terres.

Mobilisé par la mise en danger des écosystèmes, le comité Loire Vivante est créé à l’initiative de la FRAPNA et avec le soutien du WWF et de France nature environnement. Malgré près de 4 000 dépositions défavorables au projet lors de l’enquête publique réalisée au printemps 1988, la commission d’enquête donne son accord à la construction. Une première manifestation est alors organisée et rassemble près de 1 000 personnes au Puy-en-Velay. L’année suivante, les premiers engins sont annoncés sur le site mais leur arrivée est bloquée par des opposants au projet, qui décident d’occuper les terrains. Ils appellent à une manifestation européenne au Puy le week-end du 1er mai 1989 — celle-ci rassemblent 10 000 personnes ! Portée par cet élan, la mobilisation prend une ampleur nouvelle : un collectif des associations est monté, le collectif Haute-Loire Vivante, qui, en décembre 1990, rassemble 23 associations et partis et 45 000 membres.

Ce sera au final une décennie de mobilisations sur tous les terrains. Des opérations de lobbying sont menées auprès des élus locaux, des recours juridiques déposés. Des manifestations et des campagnes d’information sont organisées et des études produites afin de démontrer l’existence de solutions alternatives, telles que l’élargissement du lit de la Loire, qui préserveraient les berges et les écosystèmes.

En 1990, les opposants au barrage parviennent à stopper les travaux d’élargissement d’accès au site. À l’occasion d’une manifestation organisée à Paris, des porte-parole sont reçus par le Premier ministre. En 1991, grâce à cette mobilisation déterminée, la déclaration d’utilité publique est annulée et le projet suspendu. Les terres demeurent entre les mains de l’EPALA. Vigilant’es, les opposant’es maintiennent le camp qui sera victime d’incendies aux causes douteuses. En 1994, les autorités publiques proposent un nouveau projet, le Plan Loire grandeur nature, qui prévoit des aménagements plus doux mais n’écarte pas la construction d’un barrage à Chambonchard. Après l’expiration de la déclaration d’utilité publique, l’occupation du site est levée. Après cinq ans, jour pour jour, de présence.

Quatre ans plus tard, l’EPALA revend ses terres à l’État pour un euro symbolique. Leur acharnement à construire ces barrages à tout prix leur aura coûté 80 millions de francs. Depuis 2012, des travaux de réhabilitation du site libéré ont permis de construire un centre de formation à l’environnement.

Bâtir ensemble

Le combat contre les projets d’aménagement coûteux, destructeurs de l’environnement est donc ancien. Un combat mené à armes souvent inégales, mais qui peut tourner en faveur de celles et ceux qui résistent à ces projets. Si l’histoire ne se répète pas, revenir sur les mobilisations d’antan, en garder la mémoire aide à rouvrir les possibles dans les luttes d’aujourd’hui. Ces antécédents nous rappellent que c’est dans l’articulation de différentes modalités d’action — veille scientifique, recours juridiques, manifestations et occupations sur le terrain — que l’on parvient à instaurer un rapport de force à notre avantage. Et tisser des liens entre les luttes, du présent comme du passé, nous rend plus fort’es !

P.-S.

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