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ACTUALITÉS RÉPRESSION - PRISON / RÉSISTANCES ET SOLIDARITÉS INTERNATIONALES
Publié le 2 mars 2006 | Maj le 6 août 2018 | 2 compléments

DHKC-Bureau d’info de Bruxelles : Mardi gras sordide au tribunal de Bruges


Des peines dignes de l’Inquisition contre des militants du DHKC. Un carnaval de mauvais goût s’est déroulé hier au tribunal correctionnel de Bruges, présidé par un juge d’une unilatéralité, d’une partialité et d’une martialité effroyables.

DHKC-Bureau d’info de Bruxelles : Mardi gras sordide au tribunal de Bruges

Des peines dignes de l’Inquisition contre des militants du DHKC

Un carnaval de mauvais goût s’est déroulé hier au tribunal correctionnel de Bruges, présidé par un juge d’une unilatéralité, d’une partialité et d’une martialité effroyables.

Au milieu d’un bal grotesque où il s’est répandu en diatribes politiques à l’égard d’un mouvement populaire en conflit depuis 36 ans avec le régime des tortionnaires d’Ankara, le juge Troch semblait porter un masque sinistre, à l’effigie de Torquemada.

Pour le juge inquisiteur, c’est comme si la Turquie n’était plus cet Etat terroriste dont l’histoire est émaillée de coups d’états, de persécutions contre les minorités nationales, ethniques et religieuses, d’enlèvements, de disparitions, et d’assassinats politiques, d’exécutions extrajudiciaires, de scandales maffieux impliquant les plus hautes sphères du régime, de tortures, de viols collectifs, d’incendies et de dépeuplements de villages perpétrés par la police et l’armée.

C’est comme si la Turquie n’était plus le pays qui compte le plus de prisonniers politiques au monde (près de 4500) et le plus de crimes d’Etat impunis. En effet, jamais un seul général des juntes successives qui perpétrèrent des coups d’état n’a été poursuivi par la justice et il y a juste deux jours, les 62 tortionnaires qui assassinèrent 10 détenus politiques kurdes de la manière la plus barbare, à la prison de Diyarbakir le 24 septembre 1996, ont tous été acquittés.

Pour le juge Troch, l’heure était au blanchiment de l’Etat turc et à la diabolisation de la résistance antifasciste et populaire incarnée par le DHKC.

D’autre part, dans son raisonnement, l’extraterritorialité manifeste du conflit qui oppose l’Etat turc au DHKC avait complètement disparu.

Dès lors, il ne serait pas incongru de se demander si, à partir de la mise au ban du DHKC, la justice belge va continuer à jouer le rôle de grand arbitre de la planète concernant des mouvements de libération alors même que le champ d’action de sa remarquable loi de compétence universelle qui permettait de poursuivre sur le territoire belge des génocidaires, des criminels de guerre et contre l’humanité a été radicalement revue et corrigée en 2003 afin de ménager des assassins notoires tels Ariel Sharon ou le général Tommy Franks ?

A l’issue du carnaval judiciaire de Bruges, la tribunal a infligé un châtiment collectif, dur et exemplaire à des activistes politiques qui n’ont pourtant jamais commis le moindre délit, ni la moindre action violente.

Ce procès de représailles a valu 6 ans de prison pour Musa Asoglu, 5 ans pour le secrétaire général du DHKP (Parti révolutionnaire de libération du peuple), Dursun Karatas et 4 ans de prison pour cinq prévenus dont Fehriye Erdal.

L’un des condamnés, Bahar Kimyongür, a écopé de quatre ans de prison, pour avoir uniquement traduit et diffusé un communiqué du DHKC et pour l’avoir simplement commenté lors d’un entretien télévisé.

D’après le président du tribunal, cette activité d’information élémentaire et démocratique est aussi grave et répréhensible qu’un attentat terroriste !

Désormais, en vertu de la nouvelle loi dite anti-terroriste, ce n’est plus à l’instar du droit pénal classique, la responsabilité individuelle mais la simple appartenance politique qui est retenue.

Au vu de la lourdeur des peines, les Inquisiteurs belges toujours plus inféodés à leurs mentors de l’administration Bush, cherchent sans aucun doute à intimider toutes les forces dissidentes et critiques de ce pays.

Quoiqu’il en soit, ce procès ne suffira pas à faire cesser les activités de notre bureau d’information qui a toujours fonctionné dans le respect de la loi belge.

Nous restons convaincus que ce n’est pas en s’attaquant à un mouvement de libération qui lutte pour la démocratie et la justice sociale en Turquie que la Belgique aura combattu le terrorisme.

Plus que jamais, nous appelons l’opinion publique belge et internationale à la vigilance face à l’usage abusif de cette nouvelle loi liberticide et à se solidariser avec les prisonniers politiques du DHKC détenus depuis hier à la prison de Bruges.

DHKC
Bureau d’information de Bruxelles
Mercredi, 1er mars 2006
dhkc[AT]post.com


Proposé par Mtakle
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  • Cher ami, vous aurez plus d’informations en vous rendant sur ce site créé pour l’occasion :

    http://membres.lycos.fr/respectdeslibertes/


    Jugé sur ce que l’on n’a pas fait ?

    Un citoyen belge condamné à 4 ans de prison ferme pour avoir
    traduit un tract : la lutte contre le terrorisme fait perdre
    toute notion de logique à la justice européenne.

    Lors du procès de Bruges (28/02/2006), 11 personnes ont été
    jugées pour appartenance à un mouvement de la gauche turque.
    Certains d’entre eux, dont Bahar Kimyongür (citoyen belge),
    ont été condamnés pour 4 ans. Ces activistes politiques qui
    n’ont pourtant jamais commis le moindre délit, ni la moindre
    action violente. Le cas de Bahar Kimyongür est significatif :
    il a été condamné pour avoir uniquement traduit et diffusé un
    communiqué d’un mouvement de la gauche turque et pour l’avoir
    simplement commenté lors d’un entretien télévisé.
    D’après le président du tribunal, cette activité d’information
    élémentaire et démocratique est aussi grave et répréhensible
    qu’un attentat terroriste !

    Désormais, en vertu de la nouvelle loi dite anti-terroriste,
    ce n’est plus à l’instar du droit pénal classique, la
    responsabilité individuelle mais la simple appartenance
    politique qui est retenue

    Voici les réactions du comité pour liberté d’expression et
    d’association, et de quelques éminentes personnalités tel que
    Henri Alleg et Jean-Claude Paye (auteur de « La fin de l’Etat
    de droit »). Nous publions également les lettres de soutiens
    de Zoé Genot (députée vert) et de Jean Cornil, sénateur.

    Notre action est donc en faveur de la défense des libertés
    bafouées au nom de la lutte contre le terrorisme, en appelant
    à une justice européenne sereine. Nous appelons par ailleurs
    l’opinion publique belge et internationale à la vigilance face
    à l’usage abusif de ces nouvelles lois liberticides en Europe.

    http://membres.lycos.fr/respectdeslibertes/

    Communiqué du Comité liberté d’expression et d’association
    (CLEA).

    "Les outils juridiques utilisés dans le procès du DHKP-C
    constituent une menace pour tous ceux qui souhaitent se
    mobiliser contre les injustices traversant notre société. Il
    s’agit d’armes pour criminaliser les mouvements sociaux",
    Daniel Flinker, chercheur en sociologie à l’ULB et animateur
    du CLEA.
    "Le climat autour du terrorisme est une chape de plomb qui
    donne des pouvoirs de plus en plus amples à la police et à la
    justice". Elle estime qu’il faut "protéger la démocratie, mais
    pas à n’importe quel prix" Zoé Genot

    Au titre de la loi sur les organisations terroristes et
    criminelles, Bahar Kimyongur a été poursuivi et condamné à 4
    ans de prisons ferme par la justice belge pour avoir traduit
    et diffusé en Belgique un texte émanant du Front
    révolutionnaire pour la libération du peuple (DHKC) en Turquie.

    Nous sommes quelques-uns à avoir connu Bahar lorsqu’il était
    étudiant en histoire de l’art à l’ULB et nous avons décidé de
    participer au mouvement de solidarité qui s’organise autour de
    lui.

    Des mesures d’exception : contre le terrorisme ?
    Dans le cadre de sa lutte contre les organisations terroristes
    et criminelles, l’Etat prend des mesures d’exception qu’il
    fonde en loi. De la sorte, il « légitimise » la primauté des
    procédures d’exception sur les libertés fondamentales. La
    législation se calque donc sur le mode d’enquête proactive de
    l’appareil policier, les délais d’urgence, le procès
    d’intention et le flou juridique qui laissent à la discrétion
    du juge la définition du caractère terroriste d’une action de
    contestation. Et c’est aujourd’hui que se joue la construction
    de la jurisprudence sur laquelle seront basés les procès
    futurs et, notamment, les éventuels procès contre des agents
    de la contestation sociale.

    Un cadre juridique qui criminalise les mouvements sociaux.
    L’infraction est également définie comme terroriste
    lorsqu’elle a pour but de contraindre indûment des pouvoirs
    publics ou une organisation internationale à accomplir ou à 
    s’abstenir d’accomplir un acte quelconque.
    (Extrait de la loi anti-terroriste du 11 décembre 2003)

    Comme tout mouvement social a pour but de contraindre le
    pouvoir à poser certains actes ou à ne pas les poser, prenant
    appui sur cette loi c’est le pouvoir lui-même qui déterminera
    si les pressions subies doivent ou non être désignées comme
    terroristes. Dans cette logique, on peut s’attendre à ce
    qu’une grève générale organisée par la CSC et la FGTB, une
    manifestation altermondialiste ou une manifestation
    d’opposition à une guerre de l’OTAN tombe sous le coup de
    cette loi.
    « Pensons par exemple au gouvernement espagnol, lorsqu’il
    présidait l’UE et considérait que les mouvements
    altermondialistes « terrorisaient » la population. »
    (Note du GT terrorisme de l’UE, 29-01-2002)
    Ainsi, plus que contre le terrorisme, cette loi peut être
    utilisée comme moyen de répression contre les mouvements
    sociaux et les manifestations de contestation. Et la
    jurisprudence qui naît d’une condamnation de Bahar Kimyongür
    (4 ans ferme) ne fait que renforcer l’arsenal répressif contre
    les personnes qui entendraient défendre des droits ou en
    acquérir de nouveaux.

    Nous appelons la communauté internationale à la vigilance face
    au risque de
    limitation de la liberté d’association et de la liberté
    d’expression
    que représentent cette loi et son actualisation dans le procès
    de Bahar.

    C’est l’intention qui compte.

    La loi considère comme actes terroristes les « actes
    intentionnels » dont le but est de « contraindre indûment des
    pouvoirs publics ou une organisation internationale à 
    accomplir ou à s’abstenir d’accomplir un acte. » (Article 137
    §1er du Code Pénal). Cette disposition permet au juge de
    qualifier une action de terroriste par la seule référence à 
    l’intention « indue » qui anime son auteur, intention que le
    magistrat examinera en fonction de ses propres convictions
    politiques en l’absence de définition claire dans le texte
    légal. L’intention particulière introduite par la loi « 
    constitue un élément subjectif indépendant de tout résultat et
    dont la preuve matérielle ne pourra pas être donnée. »
    (Congrès AIJD - 06-05). Il en résulte « un déséquilibre entre
    des pouvoirs répressifs (la police, le parquet) et la défense,
    qui est de plus en plus démunie » (LDH 06-11-05). Remarquons
    en outre que cette loi, en conférant un tel pouvoir au juge
    d’instruction, rompt avec le droit pénal moderne qui prévoit
    un régime spécial pour le délit politique.

    Contexte politique en Belgique et en Europe.
    Le parlement fédéral a promulgué une loi sur les organisations
    criminelles qui permet de traduire devant la justice toute
    personne soupçonnée d’être en relation avec des membres d’une
    organisation « criminelle ». Lors des débats, des
    parlementaires se sont inquiétés du caractère liberticide de
    certains aspects du projet de loi rédigé par Johan Delmulle.
    Ce texte visait d’une part les organisations mafieuses et
    d’autre part les organisations « radicales ». Finalement, les
    élus ont décidé d’écarter ce dernier aspect et de préciser que
    la loi ne pouvait viser les organisations strictement
    politiques. A charge pour les magistrats de faire respecter
    cette loi dans l’esprit qui a conduit à sa promulgation.
    Mais voilà , le Procureur Johan Delmulle n’est pas en reste. Il
    représente actuellement le ministère public dans l’affaire qui
    oppose l’Etat belge à Bahar et dix membres supposés du DHKC.
    La thèse développée par le Procureur fédéral a été suivie,
    toutes les limites introduites par le législateur ont été
    balayées par une jurisprudence contraire. Et la loi sur les
    organisations terroristes qui vient compéter l’autre, augmente
    encore la marge de manœuvre répressive de l’institution
    judiciaire (notamment par l’alourdissement des peines
    encourues) et de la police.
    Le risque est grand pour tous ceux qui entendent prendre part
    à des mouvements sociaux en europe. C’est leur liberté
    d’expression et d’association qui est mise en danger avec la
    condamnation de Bahar. Le cas particulier de Bahar, dans cette
    affaire, est proche de celui des étudiants qui ont été
    inculpés lors de manifestations de la FEF à Liège, de celui
    des procès des militants du collectif contre les expulsions ou
    de celui du procès contre les délégués des forges de Clabecq.
    Dans le contexte où des assistants sociaux de CPAS sont
    poursuivis pour avoir rendu service et porté assistance à des
    sans-papiers, ce nouveau procès tend à renforcer l’arsenal
    répressif contre les mouvements sociaux et la contestation
    sociale. Et il semble que les craintes exprimées par les
    parlementaires lors des débats sur la loi en question se
    révèlent fondées alors même qu’ils pensaient avoir pris les
    précautions suffisantes pour les écarter.

    Les faits.
    Bahar est membre d’un bureau d’information sur la Turquie en
    Belgique, fondé à l’initiative du DHKC. En cette qualité, son
    travail consiste à diffuser de l’information sur la situation
    politique en Turquie (il a notamment participé à l’ULB à des
    expositions sur la torture dans les prisons turques) et à 
    diffuser d’éventuels communiqués. Dans un contexte politique
    tendu et très différent de celui que nous connaissons (à ce
    jour, près de 120 militants du DHKP-C sont morts de grèves de
    la faim dans des prisons turques), le DHKC mène, entre autres,
    des actions violentes contre les institutions de l’Etat turc,
    ce qui lui vaut d’être inscrit sur la liste des organisations
    terroristes de l’Union Européenne. Bien que ce parti ne soit
    pas interdit en Belgique (le bureau d’information est ouvert
    depuis des années), c’est au nom de cette inscription, que
    l’Etat belge poursuit une dizaine de ces présumés membres et
    Bahar qu’il considère comme un responsable de cette
    organisation visée comme « terroriste ».
    Cependant, ni en Turquie ni en Belgique Bahar n’a commis
    d’autre délit que de diffuser de l’information (pas de
    violence ou d’incitation à la violence - son pays est la
    Belgique et ce mode d’action n’y est pas opportun). Et en
    l’occurrence, le texte sur lequel porte son inculpation est un
    communiqué du DHKC.

    Contre les restrictions de la liberté d’expression et
    d’association.
    Il n’est pas de notre ressort d’arbitrer les actions
    politiques menées en Turquie et notre propos n’est pas de
    soutenir ou d’incriminer un quelconque groupe politique turc.
    Ce qui nous interpelle, outre les 4 années de prison de Bahar,
    est la tendance liberticide des actes judiciaires posés par la
    justice belge et, plus largement, les restrictions de la
    liberté d’expression et d’association qui accompagnent la
    lutte anti-terroriste et anti-criminalité dans notre pays.

    cleaclea chez laposte.net
    Radio air libre : http://www.radioairlibre.be/infos/

    Réaction d’Henri Alleg avant la condamnation de Bahar :

    « A l’attention de Bahar Kimyongür

    Que vous dire à propos du procès qui vous a été intenté et
    dont on attend la délibération et les conclusions le 28
    février prochain sinon que j’en suis effaré et indigné ! Il me
    rappelle la sinistre époque de la guerre d’Algérie où, en
    France, les partisans de la paix et de la liberté des peuples,
    les défenseurs des Droits de l’Homme et de la simple liberté
    d’expression étaient traînés devant les tribunaux au nom de la
    lutte contre le "terrorisme", une expression qui servait
    déjà à justifier toutes les illégalités commises contre des
    hommes et des femmes dont le crime était d’affirmer leur
    attachement aux grandes idées de démocratie et de réelle
    liberté, de dénoncer courageusement la torture et les sévices
    couramment pratiqués comme c’est aujourd’hui le cas en Turquie.
    En fait, dans un pays et une Europe qui n’hésitent pas à 
    se présenter aux yeux du monde comme les champions de ces
    grands principes, ce que l’on vous reproche à vous et vos
    amis, c’est de vous battre pour que ces principes inscrits
    dans les lois soient effectivement respectés. J’avoue que j’ai
    du mal à penser que les juges en vous condamnant pourraient
    se rendre coupables d’un tel déni de justice, ce qui
    aboutirait à donner de la Belgique une image contraire à ses
    meilleures traditions d’équité, d’hospitalité et de tolérance,
    couvrant finalement, pour d’injustifiables raisons politiques,
    les crimes et les pratiques médiévales d’un état policier
    étranger.
    Je ne peux pas croire que le tribunal en arrivera là . Au
    contraire, je veux espérer, avec de nombreux amis, membres
    d’organisations attachées à la défense des droits de l’Homme,
    d’universitaires, d’élus de Belgique et d’autres pays dont la
    France et l’Italie qui vous connaissent et vous estiment pour
    votre courageux engagement , que le tribunal décidera de votre
    relaxe. C’est ce que nous sommes des milliers à demander et ce
    ne sera là que justice véritable.
    Croyez, cher ami, à ma totale solidarité dans le juste combat
    que vous menez. »

    Réaction de Jean-Claude Paye, sociologue et auteur de La fin
    de l’Etat de droit, Ed. La Dispute

    « Le procès, devant le tribunal correctionnel de Bruges, de
    personnes liées à la mouvance politique turque du DHKP-C est
    exemplaire à plus d’un titre. Sa portée est telle qu’elle
    dépasse nettement le cadre d’une poursuite visant une
    organisation politique déterminée, liée à un pays étranger. Il
    concerne tout un chacun vivant en Belgique. Ce procès est
    d’abord important car c’est une application, une des premières
    utilisations des législations les plus liberticides, récemment
    adoptées dans notre pays, à savoir les notions d’organisation
    criminelle et d’organisation terroriste. Ces incriminations
    créent des délits d’appartenance. Elles permettent de
    poursuivre des personnes, qui n’ont commis aucun délit
    matériel, sur le simple fait qu’elles sont membres ou liées
    aux organisations désignées comme criminelles et/ou
    terroristes. Ces notions sont très vagues, leur utilisation
    est largement déterminée par l’interprétation qui en est
    faite. La jurisprudence va donc jouer un rôle essentiel. Il
    s’agit là d’un des premiers enjeux de ce procès, établir par
    ce jugement, une jurisprudence qui permette une utilisation
    directement politique de ces lois. Le caractère
    potentiellement liberticide de celles-ci, ainsi que la
    nécessité de se prémunir contre une utilisation politique
    n’avaient pas échappé à de nombreux parlementaires, si bien
    que chacune de deux lois, celle relative à l’organisation
    criminelle et celle relative à l’organisation terroriste
    contiennent des restrictions à une telle utilisation,
    indiquant qu’elles ne peuvent servir à criminaliser des
    mouvements « exclusivement » politiques(organisations
    criminelles) ou à entraver ou réduire les libertés
    fondamentales, telles les libertés d’association, de réunion
    ou d’expression (loi relative à l’organisation terroriste).
    Cependant ces dispositions restent vagues et la jurisprudence
    a ainsi un rôle primordial. L’enjeu se situe dans la
    possibilité d’utiliser la loi pour lutter contre le « 
    radicalisme »et non pas seulement contre les maffias, comme
    l’on voulu une majorité de parlementaires. Le délit
    d’appartenance, contenu dans les préventions d’association de
    malfaiteurs, d’organisation criminelle et d’organisation
    terroriste retenues par le procureur, est établi en visant des
    actions, menées en Turquie, contre l’Etat turc et pour
    lesquelles la justice pénale belge s’est déjà elle-même
    déclarée incompétente à l’occasion du procès de Fehriye Erdal.
    De plus, ces actions n’ont pas de commune mesure avec les
    activités de sympathisants du DHKC qui en Belgique mènent des
    campagnes d’information et de sensibilisation sur la situation
    politique de la Turquie et ne sauraient à ce titre être
    inculpé d’aucun délit de droit commun. L’utilisation de cette
    criminalité d’organisation s’effectue par une collaboration
    étroite entre services de police belge et turcs, sans qu’il y
    ait de contrôle judiciaire sur le produit de ces relations. On
    assiste ainsi à une entraide internationale entre des
    exécutifs, en vue de neutraliser une opposition politique
    dérangeante, en remettant, au passage, en cause le principe de
    la séparation des pouvoirs. Ce procès s’oppose au principe de
    territorialité du droit pénal qui veut que les Etats, sauf
    exception comme les crimes contre l’humanité, n’assurent pas
    la répression de délits menés sur le territoire d’un autre
    pays (surtout s’il s’agit de délits politiques). L’attaque
    contre ce principe est une tendance lourde au niveau
    international. Elle est développée dans les nouvelles
    législations antiterroristes aux Etats-Unis et en
    Grande-Bretagne, qui acquièrent ainsi un caractère universel.
    Chez nous, ce n’est pas encore le cas. Ce procès apparaît
    aussi comme une tentative de créer un précédent et d’anticiper
    de futures modifications du code pénal. Il s’agit ainsi, pour
    nous, d’une raison supplémentaire de nous intéresser de près à 
    ce procès. »
    Message de Zoé Genot, parlementaire Vert

    Concerne : Bahar Kimyongur

    Je souhaite porter à votre connaissance les rencontres
    personnelles que j’ai eu avec M Bahar Kimyongür.

    Nombreuses pendant les années 93, 94, 95, où nous nous sommes
    régulièrement côtoyés dans les divers moments de la
    mobilisation étudiante sur l’Université Libre de Bruxelles :
    assemblées générales d’étudiants pour le refinancement de
    l’enseignement, manifestations pour un enseignement de
    qualité, conférences multiples pour une société plus
    égalitaire. Il réfléchissait et se mobilisait pour un
    enseignement de qualité pour tous, mais déjà essayait de nous,
    étudiants, sensibiliser aux difficultés rencontrées par des
    peuples du Sud et plus particulièrement par la population
    kurde ou par les militants de gauche en Turquie.
    De manière très pacifique, via la discussion, l’information,
    les témoignages, les interventions en conférence mais surtout
    d’inlassables discussions sur le Campus de l’ULB.

    Depuis 1999 et mon entrée au parlement, je le rencontre
    épisodiquement encore dans des manifestations pacifiques pour
    un monde de paix et plus égalitaire. Il a collaboré avec ma
    collègue parlementaire Leen Laenens, députée Agalev et mon
    collègue sénateur Dubie sur la question des prisonniers dans
    les prisons turques. Mon ex-collègue a même eu l’occasion
    d’aller visiter ses prisons en tant que parlementaire, elle en
    est revenue très révoltée par des situations qu’elle a
    clairement décrites comme inhumaines.

    Je connais donc Bahar Kimyongur comme un militant engagé,
    pacifiste et inlassable toujours sur le terrain, à expliquer,
    discuter, et témoigner des injustices de ce monde.

    Veuillez agréez mes meilleurs salutations.

    Lettre de soutient à Bahar Kimyongür, par le sénateur Jean Cornil

    Je soussigné Jean Cornil, Sénateur, ayant mon bureau sis à la
    Maison des Parlementaires, 21, rue de Louvain à 1009 Bruxelles
    déclare avoir rencontré à plusieurs reprises Bahar Kimyongur
    pour qui j’ai des liens de sympathie et dont je partage
    certains objectifs à caractère humanitaire comme
    l’amélioration des conditions de détention d’un certain nombre
    de prisonniers en Turquie.

    J’ai d’ailleurs en janvier 2002 effectué dans ce cadre une
    mission d’observation à Istanbul avec mon collègue Josy Dubié.

    Jean CORNIL,
    Sénateur.

    Pour la défense des libertés bafouées au nom de la lutte
    antiterroriste, et pour qu’une vraie justice sereine soit
    rendue lors de la procédure d’appel.

    Ces lois antiterroristes nous menacent tous, nous devons nous
    mobiliser et réclamer justice. La jurisprudence de cette
    affaire aura des implications non négligeables.

    Site Internet : http://membres.lycos.fr/respectdeslibertes/

    Information.humanite chez laposte.net

  • Je n’ai pas tout compris à cet article, car j’aurais besoin de plus d’infos...

    - qu’est-ce que le DHKC ?

    - quelles sont les motifs du procès contre des membres du DHKC ?

    - comment se fait-il que ce procès se déroule en belgique, et quelle est la « loi liberticide » dont parle l’article ?

    merci pour ces compléments d’info.

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