À 26 ans, il est retrouvé pendu à la fenêtre de son appartement new-yorkais. Nous sommes en janvier 2013. Poursuivi par le gouvernement américain, il risquait trente-cinq ans de prison et un million de dollars d’amende pour avoir téléchargé des millions de publications scientifiques sur les serveurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT). Après quatre ans d’enquête, Flore Vasseur porte son message avec engagement et tendresse dans son dernier ouvrage, Ce qu’il reste de nos rêves.
Dans son road-trip à travers l’Amérique et l’Europe, Flore Vasseur croise la route de Julian Assange, fondateur de Wikileaks devenu l’obsession du FBI suite à ses révélations et à la diffusion de la vidéo Collateral Murder transmise par la lanceuse d’alerte Chelsea Manning. À l’époque, Aaron Swartz a payé au prix fort la traque d’un gouvernement effrayé par les hackers ayant les moyens techniques d’ébranler les pouvoirs en place. La loi a joué contre lui. “Le Computer Fraud and Abuse Act permet de le criminaliser. Peu importe qu’il n’ait commis aucun dommage, rendu sa prise, rien abîmé ni détourné” , écrit Flore Vasseur. D’ailleurs, l’éditeur JSTOR, qui hébergeait les publications scientifiques en question, avait retiré sa plainte contre lui en échange de plusieurs milliers de dollars. Le gouvernement Obama l’attaqua en son nom. Le fils du procureur chargé de l’affaire du Watergate se chargea de mettre la pression sur son ex-petite amie pour découvrir le visage d’Aaron derrière la rédaction du “Manifeste de la guérilla pour le libre accès” . Le FBI tenait un mobile et la préméditation, contre celui qui s’opposait à la “privation de la connaissance” et avait refusé de négocier sa peine en catimini en échange de la perte, à vie, de ses droits civiques.
Le jour de sa mort, Facebook a gagné. Son algorithme est la nouvelle main invisible qui régule rage et consommation, élections et émotions. Sa disparition révèle un destin, une époque et notre tragédie.
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Le film The internet’s own boy retrace les luttes et la mort d’Aaron :
La mort d’Aaron n’est pas seulement une tragédie personnelle. C’est le résultat d’un système judiciaire criminel où l’intimidation et les poursuites excessives abondent.
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